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« Du passé faisons table rase »

En butte à des contestations de tous genres, dont le point focal semble, à tort, le 3ème mandat, le pouvoir du Président Nkurunziza a adopté un ensemble de mesures qui semblent jusqu'ici lui réussir : accélération et mobilisation des milices Imbonerakure, radiations ou sanctions sévères contre toutes voix dissidentes au sein du parti, changement des responsables des services sensibles tels que le Service National de la Documentation, juridisme politicien prétendant faire interpréter la constitution du Burundi par la cour constitutionnelle, et surtout, ces derniers jours, la volonté très affirmée de s'assurer le contrôle de la rue, histoire d'ôter les armes à ses adversaires politiques. Ainsi, le maire de Bujumbura avait organisé, le samedi 28 février 2015, une marche pour la paix, pour faire une démonstration de force et de capacité à « faire rugir le monstre ». Une autre marche de la paix, organisée par le pouvoir suivra, le 28 mars 2015. Par contre, ce 16 avril 2015, la manifestation prévue par les opposants a été bloquée par une police omniprésente. Le lendemain, même scénario, mais, avec cette fois-ci un début d'intifada...Dès lors, faut-il conclure que l'opposition burundaise échoue à trouver « le bon topo » pour arriver à ses fins ? Faut-il penser que les élections tant controversées finiront par avoir lieu et faire place à des institutions crédibles et stables ? Avec ou sans Nkurunziza ?

Au Burundi tout le monde a peur. La clique au pouvoir a déjà gagné dans les ordinateurs et sur papier les prochaines élections. Avant même qu'elles n'aient lieu. Une machine de répression a déjà été mise en branle. Des partis et des candidats ont été exclus par toutes sortes de subterfuges. Un climat de terreur s'est installé rendant ces élections impossibles. L'idée d'un gouvernement de transition n'est plus un sujet tabou.

Depuis un demi-siècle, le Burundi a vu de façon cyclique, ses fils et filles prendre en masse le chemin de l'exil . Les premiers réfugiés burundais se limitèrent à quelques centaines après les premiers massacres politico-ethniques d'octobre 1965. Le premier départ massif sera noté en 1972-1973, où des centaines de milliers de Burundais se sont réfugiés en Tanzanie, au Zaïre (actuelle RDC) et au Rwanda, fuyant l'armée burundaise et la Jeunesse Révolutionnaire Rwagasore, du parti Uprona de l'époque. Après le coup d'Etat de 1993 et l'assassinat du Président Ndadaye Melchior et de nombreux de ses proches collaborateurs, des massacres interethniques s'en sont suivis, puis une véritable guerre civile. Plus d'un demi-million de Burundais prirent le chemin d'exil. Les accords d'Arusha survenus en août 2000 déboucheront sur une transition, qui permettra un retour progressif de la paix, l'organisation des élections et la mise en place des institutions démocratiques en 2005. Des centaines de milliers de compatriotes vont retrouver leur mère patrie, dans des conditions où l'accueil était parfois décevant. Dans tous les cas, la majorité des rapatriés étaient heureux de retrouver leur pays après tant d'années d'errance et d'humiliation. J'espérais personnellement ne plus jamais revoir ces images affligeantes de cohortes de réfugiés burundais, démunis, affamés et assoiffés. Mais hélas, cet espoir est anéanti par la réalité des six mille Burundais, selon le commissaire onusien des droits de l'homme dernièrement en mission au Burundi, qui ont déjà traversé la frontière du nord du pays.

Prise de position et mise en garde

Vendredi le 10 avril, le Major Pierre Buyoya, a donné sa position sur le troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Finalement, il n'est jamais tard pour bien faire. Pour l'ancien Président, l'accord d'Arusha et la constitution burundaise sont très clairs là-dessus: Le mandat du président de la république est de cinq ans, renouvelable une seule fois. Si Nkurunziza venait à forcer et se faire élire il amènerait le pays vers un saut à l'inconnu, a poursuivi l'ancien Président.

« Tout ce qui rampe est gouverné par des coups ». Héraclite

Il y a bientôt deux semaines, mon attention fut attirée par un ami sur un article de Roland Rugero, paru sur Iwacu. Cet ami, très sévère, trouvait le dit article animé de mauvaise foi, contradictoire. Je me promis alors de lire cet article dès que j'aurais un peu de temps. L'article intitulé : « Comment Nyangoma a (presque) offert à Nkurunziza le troisième mandat » et publié le 02-04-2015 sous la rubrique « Ce que j'en pense », portait sur une déclaration du parti CNDD datée le 27 mars 2015. (Voir : http://www.iwacu-burundi.org/burundi-nyangoma-nkurunziza-troisieme-mandat-ceni-amatora2015-cndd-fdd/).Voici maintenant mes observations.

Dans bien des pays africains et notamment ceux des Grands lacs et de l'Afrique centrale, les échéances électorales sont vécues par les populations avec la peur au ventre. C'est le cas du Burundi de Pierre Nkurunziza. En effet, à quelques encablures de l'élection présidentielle, ce dernier entretient un flou artistique sur ses véritables intentions.

mardi, 14 avril 2015 07:33

Un jet présidentiel invisible et couteux

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Un scandale financier se profilerait au sommet de l'Etat. Mystère et contradictions entourent l'achat ou le don du jet présidentiel burundais. De telles contradictions ont été entretenues par de hauts fonctionnaires proches du président de la République, c'était l'année dernière. Retour sur ce dossier qui cache mal les problèmes de gouvernance au sommet.

Ces arrestations menées ce dimanche 12 avril 2015 par la police avec l'appui des agents du Service national des renseignements(SNR) étaient musclées. La Police n'a pas hésité à faire recours à la force pour embarquer ces jeunes.

Le Burundi est aujourd'hui à la une de l'actualité. Pas pour le meilleur malheureusement. Le pays se débat en effet dans une situation inédite où des citoyens sont appelés aux urnes dans un contexte d'insécurité généralisée. Ils vont aussi voter alors que les résultats des urnes sont déjà connus, tout le processus électoral ayant été noyauté par une commission électorale nationale dite indépendante, aux ordres d'un Président de la République qui se débat désespérément pour rester au pouvoir après ses deux mandats constitutionnels. La situation est d'autant plus douloureuse que le parti présidentiel est lui-même en lambeaux suite aux déchirements internes qui trouvent leur source dans des contradictions de tout genre qui minent l'organisation. Tout cela sur fond d'une terrible érosion économique dont le premier corollaire est la paupérisation d'une population qui ne sait plus à quel saint se vouer. Nyangoma ne croit pas à des élections démocratiques dans un pays ayant perdu les fondements de sa souveraineté. Le deuxième mandat de Nkurunziza a été caractérisé aussi par un climat délétère de guerre larvée. Dans de telles conditions, Nyangoma se demande si réellement les partis politiques de l'opposition ont eu des opportunités d'approcher les citoyens et de partager avec eux leurs préoccupations quotidiennes et leur projet de société. C'est même ce contexte qui a poussé Cndd-burundi.com à approcher le président du CNDD, pour s'enquérir de ses analyses de la situation, des conséquences, des solutions possibles, et pour savoir la position du parti CNDD qu'il dirige sur l'ensemble du processus électoral.

Plus de deux cents militaires du camp militaire de Ngagara n'ont pas pu retrouver leurs fusils après leur retour de la mission de maintien de la paix en Somalie, il y a environ quatre mois. L'information a été livrée par quelques uns d'entre eux dont nous gardons l'anonymat pour leur sécurité.

Certains de ces militaires travaillent actuellement dans les bureaux de l'Etat Major de l'armée, les autres à l'aumônerie militaire. Il y a environ quatre mois que ces militaires sont de retour de la mission militaire en Somalie. A leur départ, ils ont laissé leurs armes à Bujumbura, mais à leur retour, ils n'ont rien trouvé. Leurs armes auraient été déplacées par des militaires qui sont restés à Bujumbura.

Quand les soldats rentrés de la Somalie ont demandé leurs fusils, la réponse a été d'attendre pour qu'on aille leur en emprunter dans les autres camps militaires, mais jusqu'à aujourd'hui, rien n'a été fait pour retrouver leurs armes.
Ces militaires disent que leurs armes ont été acheminées quelque part qu'on ne veut pas leur communiquer.

Au moment où l'on parle beaucoup de l'armement de la milice Imbonerakure du parti CNDD-FDD au pouvoir il est très étonnant d'entendre qu'il y a des militaires qui n'ont pas d'armes. La coïncidence est fort troublante. Dans une armée organisée, la traçabilité de toute arme est telle qu'aucune arme ne peut disparaître. La disparition des fusils dans l'armée burundaise a été sans aucun doute organisée par des officiers hautement placés dans la hiérarchie militaire. Ils seront comptables des crimes qui pourraient être commis par l'usage de ces armes.

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