dimanche, 19 avril 2015 10:27 Écrit par 

Revue de presse 8 : Nkurunziza ou le chaos : un gouvernement de transition s’impose

Au Burundi tout le monde a peur. La clique au pouvoir a déjà gagné dans les ordinateurs et sur papier les prochaines élections. Avant même qu'elles n'aient lieu. Une machine de répression a déjà été mise en branle. Des partis et des candidats ont été exclus par toutes sortes de subterfuges. Un climat de terreur s'est installé rendant ces élections impossibles. L'idée d'un gouvernement de transition n'est plus un sujet tabou.

Un mandat qui oppose deux manifestations

APA dès le 14 avril avait avertit :''Des partis burundais préparent la résistance contre une nouvelle candidature de Nkurunziza à la présidentielle'' . Coté bilan de la manif, APA du 16 avril constate que ''l'appel à la résistance peu suivi à Bujumbura'', allusion étant faite à la journée de jeudi, début timide des manifs/ Pas seulement timide, réplique BBC Afrique du 15 avril pour qui il n'y a ''Pas (eu) de manifestation à Bujumbura''. Et pour cause, précise-t-elle : '' un impressionnant déploiement de policiers avait été mis en place. Tous les axes menant au centre-ville étaient quadrillés par les forces de l'ordre''. Même ton d'Arib.info qui constate que ''la manifestation de l'opposition n'a pas eu lieu faute de manifestants !'' un surtitre d'un article signé Gervais Marcel Cishahayo avec pour titre ''soulagement ou suspense d'une manifestation avortée ou reportée'' Car pour l'auteur ''Après douze ans d'une guerre fratricide particulièrement violente, la majorité de la population ne veut plus jouer à la roulette burundaise des années 1990s. Pendant que l'ensemble de la population retenait son souffle, la confrontation n'a heureusement pas eu lieu : la manifestation a été avortée ou reportée. Le soulagement et le suspense continuent car l'opposition n'a pas déclaré forfait et la police est toujours sur le qui-vive.'' IWACU a tenté implicitement une explication en préférant citer Agathon Rwasa pour qui «Pas de manifestation du moins pour le moment», pour ses militants, cela va sans dire.

''Remous à Bujumbura'' a titré BBC qui a fait état d'un millier de manifestants de l'opposition, une manifestation empêchée par un important déploiement de policiers anti-émeute ayant fait usage de gaz lacrymogènes et des canons à eau pour en découdre à des gens opposés au 3ème mandat de Pierre Nkurunziza. Au moins deux policiers ont été blessés et une dizaine de manifestants arrêtés, nous indique la radio. La VOA reste sur cette lancée avec le titre faisant aussi état de '' heurts lors d'une manifestation de l'opposition contre un 3e mandat de Nkurunziza''. La Deutsche Welle parle d'une ''Journée de mobilisation au Burundi'', alors que pour RFI ''l'opposition appelle à manifester contre le 3e mandat''.

Arib.info publie intégralement le rapport de l'ONG International Crisis Group qui se demande si Les élections au Burundi sont une ''épreuve de vérité'' ou une ''épreuve de force''. En tout cas indique-t-il, les mobilisations populaires et le précédent de la chute du président au Burkina Faso laissent augurer une confrontation dans la rue en cas de passage en force de Nkurunziza. Le retour de la violence ne mettrait pas seulement fin à la paix civile progressivement rétablie après l'accord d'Arusha en 2000 mais ''aurait des implications régionales déstabilisatrices et marquerait un nouvel échec des politiques de consolidation de la paix''. L'ICG recommande notamment au parti au pouvoir de ''déclarer son soutien à un processus électoral inclusif lors de son prochain congrès et s'abstenir de toute rhétorique électorale belliqueuse''. Et en cas de la candidature de Nkurunziza, l'ONG recommande à la communauté internationale de ''former un groupe des amis de l'accord d'Arusha....ayant pour mission d'appeler tous les partis burundais à réaffirmer leur engagement à soutenir les principes d'Arusha''. Il recommande à l'opposition de ''Saisir la Cour de justice de l'East African Community (EAC) pour contester la validité de cette candidature au regard des principes constitutifs de l'EAC''.

PANA constate aussi que ''l'opposition monte au créneau à l'idée d'un troisième mandat présidentiel au Burundi'' tout en faisant remarquer que '' Les enchères montent ainsi au lendemain d'une marche-manifestation de plus de 10.000 adhérents(au pouvoir) venus des quatre coins du pays pour soutenir bruyamment à Bujumbura la continuité du chef de l'Etat sortant en récompense à ses «bonnes œuvres» au service de la nation au cours de ces dix dernières années de pouvoir. '' un rassemblement des militants du cndd-fdd qui a déçu'', selon Burundi News alors que pour RFI ''le CNDD-FDD mobilise en masse pour afficher son unité'', menacée, vite rejointe d'ailleurs par Arib .info pour qui '' En proie à des divisions le parti présidentiel s'affiche dans la rue''. ''quand popularité ne rime plus avec légalité'' fait remarqué IWACU pour qui si la marche manifestation du 11 aura prouvé que le troisième mandat du président Nkurunziza est soutenu ou même réclamé par beaucoup de militants à la base, il subsiste un hic car '' personne n'a démontré que ce mandat est légal et que le spectre d' « un bain de sang » est exorcisé''.

Même lâché par tous, NKurunziza poursuit son rêve

Arib.info, surtitrant AFP constate que '' l'ex-président Buyoya (est) contre un 3ième mandat de Pierre Nkurunziza'', rappelant ses propos dont "Nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels", ou encore "Pour moi il n'y a pas de débat et je ne suis pas le seul à l'avoir dit et répété". RFI du 11 avril constaté aussi que ''Buyoya rejoint le camp des anti-3ème mandat de Nkurunziza'' alors que IWACU préfère paraphraser les propos de l'ex-président : «Il n'y a pas de débat, les textes sont clairs». Iwacu qui constate ainsi que, Pierre Buyoya se range du côté des contestataires du troisième mandat de Pierre Nkurunziza, car pour lui toute tentative de candidature de l'actuel président est une violation des textes, pourtant nets. Les journaux locaux ont largement relayé la rencontre Nkurunziza-Kagame au Rwanda, une rencontre qui selon RFI ''a largement tourné autour de la situation tendue au Burundi à l'approche de la présidentielle de juin et l'arrivée au Rwanda ces dernière semaines de près de 5 000 Burundais se disant menacés par les membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure''. AG NEWs parle d'une '' rencontre improvisée entre les deux présidents''. RFI confirme en effet que '' Plus de 8.000 Burundais ont fui leur pays en deux semaines'' citant les sources du HCR. Même son de cloche de l'AFP qui indique que ''Des milliers de Burundais terrorisés à l'approche des élections se réfugient au Rwanda''
''La démocratie en danger au Burundi'' !! s'écrie, Isaac Nizigama, dans un article paru dans Arib.info. Pour lui le pouvoir entretient volontairement la confusion sur trois enjeux dont notamment celle de la popularité et de l'avenir du parti CNDD-FDD avec ceux du Président actuel et de son troisième mandat, de même que la confusion entre le peuple et les partisans du parti CNDD-FDD.

Et quand nos confrères d'outre-frontières s'en mêlent

Le chuchotement de Le Pays, journal burkinabé, en dit long, car crier haut est synonyme de suicide au Burundi. '' Silence, Nkurunziza prépare le bûcher pour son pays'' chuchote-t-il donc, inquiet du flou artistique qu'entretient l'homme de Ngozi, un flou qui ne trompe personne car, écrit-il si il se sentait lié par la signature qu'il avait apposée sur l'Accord d'Arusha, ''il aurait coupé court à toutes les suspicions par une prise de parole publique, allant dans ce sens et ce d'autant plus que les choses sont devenues imminentes''. ''L'on peut craindre le pire pour le pays'' car sachant que les zélateurs de ce pasteur de président ne sont pas des enfants de chœur, et au regard du fait que le Burundi semble abonné à la violence dans son histoire politique. Ce même journal constate et dénonce ''le comportement irrationnel et absurde de certains des dirigeants africains, (qui) ne cessera jamais d'être la risée des autres car devenus de ''redoutables prédateurs de la démocratie''.

Le Point de son côté insiste sur ''les leçons mal retenues de Ouagadougou'' par tous les présidents africains qui continuent à jouer à un tour de passe-passe qui s'est heurté à la lassitude – et à la colère des Burkinabé hier, et des burundais aujourd'hui. C'est sans doute de ce risque que France TV Info constate que '' Le Burundi retient son souffle à l'approche d'une présidentielle à haut risque''

Nkurunziza est pourtant averti.

Il fait semblant de n'avoir rien entendu. De n'avoir rien vu. Il semble se murer dans un corridor de la mort lui tracé par les Imbonerakure. Et pourtant que de sonnettes d'alarmes ! RFI du 16 avril indique ''un responsable de l'ONU dénonce les violences et les tensions'' alors que Xinhua indiquer que '' Les autorités burundaises exhortées à sauvegarder la paix'' citant le haut-commissaire des NU pour les droits de l'Homme qui n'en revient certainement pas de ce qu'il a vu au Burundi. ''l'ONU juge la direction prise à l'approche des élections alarmante'', surtitre Arib, sur un article de l'AFP qui indique que pour M. Zeid Ra'ad Al Hussein, le Burundi « est à la croisée des chemins », entre « la voie d'élections libres et justes » et « la voie de la violence et de l'intimidation (...) qui pourrait potentiellement ramener le Burundi vers son passé profondément troublé, tragique et horriblement violent ». Pour M Al Hussein en tout cas, tous les clignotants sont au rouge pour le Burundi n'hésitant pas une seconde à affirmer que "le Burundi me rappelle l'ex-Yougoslavie" tout en saluant le courage dont fait preuve la société civile burundaise. Tout aussi paradoxale que cela pourrait paraître, l'UE annonce la '' Mise en place d'une mission d'observation électorale de l'Union européenne au Burundi''. Une annonce qui fait frissonner plus d'un dans un contexte généralisé de terreur. L'annonce a été faite par la Délégation de l'UE au Burundi telle que reproduite par Arib.info. Organiser et observer des élections dans un pays où même'' La Grande Bretagne s'inquiète pour le pays'', comme l'a titré IWACU il y a vraiment de quoi tomber à la renverse. Après son séjour au Burundi, la Directrice du Département Central et Austral de l'Afrique en Grande Bretagne Mme Danae Dholakia, a dit crument : « Je suis ici parce que je m'inquiète. La Communauté internationale garde toujours l'œil sur le Burundi car elle pressent que des mauvaises choses peuvent surgir d'un moment à l'autre».

Et si les ''transitionnaires'' avaient raison !

Dans un contexte ci-haut cité, d'aucuns se posent des questions sur l'opportunité d'organiser les élections aujourd'hui par le pouvoir CNDD-FDD seul. A la tête, Léonard Nyangoma du CNDD pour qui '' les élections ne doivent pas être une fin en soi'', car dit-il, dans une interview accordée à Cndd-burundi.com et reprise in extenso par Arib.info '' Face à une telle situation explosive et à l'entêtement du régime de Nkurunziza dans l'exclusion et la violence, il est impossible de tenir des élections dignes de ce nom''. Il appelle donc à la mise en place d'un gouvernement de transition issu des pourparlers entre pouvoir et les autres forces vives du pays. Sa proposition a été critiquée par un homme de presse pour qui ''transition > amagaburanyama* > intérêts des politiciens > guerre ethnique'' ou encore transition = resserrer les rangs du CNDD-FDD aujourd'hui en lambeaux. ''Du sophisme en journalisme. Le cas de Roland Rugero'' !! s'écrie Albanel Simpemuka, presque choqué par les propos de M. Rugero. Car pour l'auteur de l'article paru dans Cndd-burundi.com, fort des arguments résistant à toute épreuve, il n'y a point de liens de cause à effet entre transition et guerre ethnique ou l'unité (mise à mal) des Bagumyabanga. M. Simpemuka s'insurge en tout cas du fait que M. Rugero n'a nullement tenu compte ''des raisons et faits invoqués (par Léonard Nyangoma)pour réclamer une transition''. Un article à lire, si ce n'est déjà fait, sur cndd-burundi.com. Les ''transitionnaires'' deviennent chaque jour plus nombreux pour la simple raison que '' Les élections impossibles au Burundi'' comme le titre Mpore.org, dans un article signé Cimpaye Pancrace pour qui même ceux qui ont déposé leur candidature l'on fait la mort dans l'âme car, dit-il,'' une seule réponse est sur toutes les lèvres : « nous présentons ces listes pour la forme, mais en réalité ces élections sont impossibles dans les présentes conditions »''. Impossibles aussi car les élections qui excluent Alexis Sinduhije, Léonard Nyangoma, Hussein Radjabu, Jérémie Ngendakumana, Pie Ntavyohanyuma, Ntisezerana Gabriel,Gervais Rufyikiri,......n'en sont pas unes.

Le pire est-il évitable ? Apparemment non Nkurunziza ayant opté pour la politique de la terre brûlée, la tactique du chaos ! Est le syndrome du mois d'avril si fatidique pour le Burundi et ses fils et filles ? Un de nos confrères n'hésite pas à penser que ''les tensions actuelles confirment le caractère maudit du mois d'avril'', référence étant faite au génocide d'avril 1972 et que le Pape François aurait cité dans son message pascal, selon Burundi-AGNews du 14 avril.

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