La perte d'un allié de taille ?
Depuis l'accession au pouvoir de Nkurunziza, Pierre Buyoya est resté l'allié de taille du Président Nkurunziza et du CNDD-FDD. Véritable patron de l'Uprona agissant dans l'ombre, il s'est toujours appuyé sur l'accord d'Arusha pour choisir les Vice–Présidents qui lui sont proches, et par là, placer ses hommes au coeur des services de l'Etat à l'intérieur, et dans les institutions internationales. Par ailleurs, le Major Buyoya a une mainmise indirecte sur une partie de l'armée et de la police, étant donné que ces corps sont le résultat de l'intégration des anciens corps et de défense et de sécurité gouvernementaux et des membres différents mouvements et partis politiques armés, les MPPA, au sein desquels le CNDD-FDD s'est taillé la part du lion. Or, une fraction de l'ancienne armée et police était, et reste, dans une certaine mesure, fidèle au Major Buyoya. A titre d'exemple, le ministre de la défense actuel est un ami personnel du Major Buyoya.
L'arroseur arrosé
Les relations de ces deux hommes ont commencé à se dégrader depuis 2013, quand le Président Nkurunziza prit la décision de limoger son premier Vice –président Bernard, un proche du Major Buyoya. L'opinion n'a jamais su les motivations de ce limogeage. L'avenir nous le dira. Il semblerait que Busokoza commençait à tremper dans des complots visant à renverser Nkurunziza. Nkurunziza et son parti ne se sont pas arrêtés là : Ils ont a appliqué la fameuse formule de division des partis politiques, (appelée nyakurisation au Burundi) au parti Uprona dirigé dans les coulisses par le Major Buyoya. Pour rappel, cette stratégie de division est la marque déposée du major Buyoya. En effet, c'est lui qui a commencé à diviser le Frodebu en branches et, selon plusieurs sources, il n'a pas été pour rien dans la division du CNDD en 1998, dont est né le parti militariste actuellement au pouvoir, le CNDD–FDD.
Toutes ces discordances ont certainement contribué à relâcher les liens entre les deux alliés, même si Pierre Buyoya a la garantie de contrôler les deux ailes de l'Uprona et que ses membres restent au parlement comme au gouvernement, se gardent de dénoncer les crimes de toutes sortes commis par Nkuruniza et son parti, se comportant ainsi comme de véritables complices du régime.
Le Major Buyoya pourra-t-il retourner sa veste comme en 2010 ?
En 2010, la déclaration du major Buyoya sur la crise est venue tardivement, comme aujourd'hui d'ailleurs. Il s'était même proposé comme médiateur dans la crise. Beaucoup de Burundais dupes avaient cru qu'il allait contribuer à redresser la situation, d'autant plus que c'est un agent au service de plusieurs institutions internationales. Mais, au grand étonnement de beaucoup de personnes et de surtout de ceux qui ne le connaissaient pas encore, Pierre Buyoya s'allia à Pierre Nkurunziza et les deux Pierre continuèrent à travailler de commun accord. En échange du soutien de Buyoya apporté à Nkurunziza pour briguer le troisième mandat, celui-ci aurait accepté de soutenir la candidature du Major Buyoya à la tête de la Francophonie, et de classer certains dossiers pour le mettre à l'abri d'éventuelles poursuites judiciaires. Qui a tenu sa parole dans cet accord de complicité au préjudice de la loi?
L'artificier Nkurunziza est-il prêt à faire sauter le pays vers l'inconnu ?
C'est ce qu'il prépare. D'après un proche à lui qui a requis l'anonymat, Nkurunziza, ne négociera jamais avec l'opposition. En préparant la fraude électorale de 2015 avec une CENI taillée sur mesure, il a suffisamment démontré ce qu'il est. Reste à la population burundaise d'apprécier la situation, et elle le fera sans tarder.