Une terreur plutôt qu'une campagne
Vers la fin du mois dernier, Nkurunziza a fait une tournée triomphaliste dans plusieurs localités du pays, notamment à Bubanza et Cibitoke,en campagne électorale sans compétiteurs. Les miliciens du parti au pouvoir, les Imbonerakure avec d'autres militants de ce parti étaient au rendez –vous. Les ministres, les députés et sénateurs, les cadres du partis ont tous déserté leurs postes de travail et sont obligés de suivre le cortège présidentiel pour impressionner et montrer à l'opinion que le CNDD –FDD, en campagne en solo peut toujours galvaniser des foules.
Des badauds étaient aussi au rendez-vous pour écouter le programme de campagne du président et de son parti, mais sont partis déçus, à part ses invectives proférées contre l'opposition, Nkurunziza n'a pas dit un mot sur comment va-t-il sortir le Burundi de la crise politique actuelle, de la pauvreté et du chômage.
Une foule importante forcée par les milices imbonerakure pour venir applaudir le candidat évangéliste, s'attendait à un minimum de points de campagne, dans son allocution, le président s'est attaqué violemment aux manifestants. Il a dit que personne parmi eux ne sera pas président et que c'est le bon Dieu qui l'a élu. Il a conseillé aux manifestants d'aller jouer aux instruments ancestraux de musique « l'ikembe et l'umuduri, soit en solo ou soit ensemble »(uwuvuza ikembe n'agende arivuze, uwuvuza umuduri nawe avuze umuduri canke vyose hamwe° ce qui signifiait qu'on le laisse faire ce qu'il veut et qu'on aille se pendre.
Sur les traces du Lieutenant Général Michel Micombero
Avec l'anéantissement de l'opposition et les massacres d'une partie de la population, Michel Micombero s'est cru président à vie. Il avait eu un fils qu'il avait surnommé »Kurukimfashe (grandit pour me renforcer au pouvoir. ). C'est ce que Nkurunziza a fait, en imposant à la dernière rentrée académique le recrutement de son fils à l'Institut Supérieur des Cadres Militaires ISCAM. Ces déclarations incendiaires de Nkurunziza à Bubanza et ailleurs, s'inspirent des discours provocateurs toujours improvisés et décousus du Lieutenant général Michel Micombero.
Des exemples ne manquent pas. Tenez, un jour à Muramvya alors que tout le monde attendait du président Micombero un discours pacificateur, il prononça un discours de haine et divisionniste » sans retenue. Il a dit ceci en substance: « peuple de Muramvya, vous avez dit que vous allez me tuer. Eh bien je suis ici tuez-moi ! Je voulais vous dire une chose. Si la guerre éclatait un jour vous n'aurez pas où fuir. Nous au moins à Bururi, nous sommes sur la frontière avec la Tanzanie. Vous ne connaissez pas votre province. Si un jour Muramya devenait un pays, et bien notre province Bururi serait un continent. ».
La folie de grandeurs de ces deux hommes ne manque pas : Micombero avait puisé dans les caisses de l'Etat de l'argent pour construire un aérodrome dans son jardin qu'il n'a jamais achevé. Nkurunziza a fait la même chose en construisant un stade gigantesque de football et un complexe sportif dans son jardin alors que le Burundi est le seul pays dans la région sans stade olympique.
Au lieu de redresser le pays, Micombero dans ses discours s'attaquait à la population et à ces victimes et n'écoutait pas les conseils de la communauté nationale. C'est ce que fait notre pasteur président. En effet, il vient de rater encore une fois le rendez-vous proposé par le club de ses collègues présidents pour sortir le pays de l'impasse et lui donner aussi une porte de sortie avant qu'il ne soit pas tard.
Crainte de poursuites judiciaires La phobie de se trouver un jour en prison
Les observateurs étrangers ne comprennent pas pourquoi Pierre Nkurunziza se cramponne au pouvoir et donne l'ordre de tirer à balles réelles sur des manifestants pacifiques. Il est dominé par un goût immodéré du pouvoir divin. Dans une réunion qu'il a organisée au palais avec ses proches il leur a dit que s'ils ne fraudent pas ces élections, ils seront tous jetés à Mpimba, la prison centrale de Bujumbura. Pour lui, le pouvoir est la vie ou ou la mort, Nkurunziza et l'oligarchie autour ont des craintes de poursuites judiciaires à cause des crimes humains et économiques qu'ils ont commis sciemment et méchamment depuis dix ans qu'ils gouvernent le pays. Le pouvoir est leur seul bouclier pour échapper à justice, mais pour combien de temps ?
Le peuple burundais rejette le retour à un régime monolithique
La campagne électorale de Nkurunziza en solo est une mise en scène , les dès sont déjà jetés. En réalité, la CENI, comme en 2010, a déjà établi les résultats de toute cette farce et n'attend que la date pour qu'elle a fixée pour proclamer les résultats.
Le peuple burundais est décidé à un découdre avec une dictature de surcroît obscurantiste. Il n'acceptera pas de faire marche arrière pour être dirigé par un régime monopartisme suranné, n'acceptera pas non plus de se faire tuer comme des rats et usera tous les moyens pour sauver la démocratie et son honneur.
Le peuple burundais est débout pour dire non au retour des années 1960, pour défendre sa dignité, il rejette catégoriquement le retour à un régime monolithique suranné.