A 11h00, une très grande foule de femmes étaient dans les enceintes de la station ENGEN au centre ville de Bujumbura en face de la place de l'Indépendance, d'autres manifestants étaient rassemblés à quelques 200m de l'ambassade de Belgique.

Certains policiers venaient pourchasser les manifestants. Les femmes restaient à la station et les hommes couraient pour retourner. Toutes les chansons qui ont marqué la présence de ces femmes appelaient Pierre Nkurunziza à abandonner la candidature au troisième mandat, et que s'il refuse, il sera arrêté et jugé par le peuple et les tribunaux internationaux. Un petit groupe de garçons dansait à côté de ces femmes, tandis que les autres hommes étaient partis pour appuyer les manifestants venant de Musaga pour qu'ils regagnent eux-aussi le centre ville. Les premiers manifestants à occuper le centre ville sont venus des communes Bwiza et Nyakabiga. Ils ont vu parmi les policiers un milicien Imbonerakure en tenue policière, ils ont essayé de l'attraper, mais les policiers ont refusé et cet Imbonerakure a vite quitté ce lieu.
Une femme parmi les manifestants a pris la parole et a déclaré qu'elles sont venues avec leurs enfants pour demander la liberté de leur mari, de leurs enfants, de leurs frères et sœurs. Ils ont été arrêtés et incarcérés pour avoir usé de leurs droits en manifestant pacifiquement dans la rue contre la troisième candidature de Pierre Nkurunziza au mandat présidentiel. Elle a aussi ajouté qu'elles sont là pour dire non publiquement avec toutes leurs énergies non à cette candidature inconstitutionnelle de Pierre Nkurunziza.

Des vendeurs de mangues et de madeleines venaient, des bienfaiteurs achetaient pour les manifestants. Les vendeuses les lançaient dans le groupe des femmes, et ces dernières les maniaient vite.
A un certain moment, tout le monde a été frappé par une joie immense, et tout le monde dansait, courait partout, et les policiers ont vite fuit vers un endroit que personne n'a pu percevoir. On venait d'entendre sur la voie des ondes qu'il y a un Coup d'Etat.
Au moment où une foule immense remplissait les rues et les avenues de Bujumbura en dansant sur le pas de gymnastique, on a entendu des fusillades qui surgissaient subitement de partout et les manifestants se sont cachés dans les maisons. Toute porte ouverte constituait un abri pour les manifestants.

Après une quinzaine de minutes, les manifestants sont sortis de leurs abris, et une foule très très nombreuse a pris l'avenue de la RPA. Les manifestants disaient qu'ils allaient libérer la radio RPA.
Une fois arrivés à la RPA, certains manifestants sont montés sur les murs de la radio RPA, les autres dansaient, d'autres se sont dirigés vers la radio télévision nationale et ont essuyés sérieusement des fusillades des militaires de BSPI. Les manifestants ont décidé de continuer la marche vers le Bureau Spécial de Recherche, BSR en sigle et vers la police Judiciaire des parquets-PJP au quartier de Jabe-Bwiza pour libérer les prisonniers.

En route, c'était la joie des manifestants. Certains manifestants étaient montés sur les véhicule, les autres étaient à pieds. Une fois arrivés au BSR, il n'ont trouvé aucun prisonnier, aucun policier. Ils avaient pris le large. Le BSR était vide.

Les manifestants sont entrés au BSR et ont pris tout ce qui se trouvait à l'intérieur: les tables, les motos, les ordinateurs, les vélos, les boîtes de conserve, les sacs de haricots, les habits, les matelas, chacun prenait ce qu'il pouvait prendre. Par après est arrivé sur les lieux un camion anti incendie pour éteindre les feux allumés par les manifestants. Beaucoup de tirs de fusils ont été entendus et les manifestants ont quitté la BSR, ont continué le chemin menant devant l'hôpital Prince Régent Charles.

Dans la route du peuple Murundi, certains manifestants se sont rendus à la permanence du parti CNDD FDD à Ngagara, les autres se sont dirigés en ville où ils ont rencontré d'autres venus des autres quartiers. A 16h, Les manifestants voulaient prendre la route Bujumbura Rumonge, mais des militaires qui étaient aux environs de 200 mètres en avant ont tiré des coups de fusil en l'air pour empêcher les manifestants de continuer ce parcours.
Les manifestants se sont dirigés vers les différentes avenues de Bujumbura, et la grande majorité a pris le chemin de retour vers leur domicile à pieds car il n'y avait aucun véhicule de transport.
Dans tous les quartiers de Bujumbura, c'était la joie de la population pour le contre-Coup d'Etat qui venait d'être déclenché. On a même assisté à des scènes rares notamment dans la grande liesse au rond point de la place de l'indépendance, les manifestants dansaient et montaient sur les blindés, les policiers s'étant momentanément éclipsés, prenant fuite en laissant même leurs armes et boucliers que les manifestants ramassaient et remettaient aux soldats.
Les manifestations contre la troisième candidature au mandat présidentiel du Président Pierre Nkurunziza avaient commencé le 26 avril 2015 deux jours après l'arrêt de la cour constitutionnelle qui autorise le président à briguer le troisième mandat. Le bilan est lourd actuellement : plus de 20 morts, plus de 200 blessés et plus de 600 ont été arrêtés. Avec le changement, le peuple aura-t-il une armistice? Aura-t-il la sécurité? L'avenir nous réserve des surprises.

