Dans la matinée de ce 14 mai, le Chef d'Etat- Major Général des Forces armées, le Général Prime Niyongabo a rendu public un communiqué de presse annonçant l'échec de la tentative de coup d'Etat annoncé la veille par le Général-major Niyombare Godefroid. Ce dernier avait annoncé sur les ondes des radios privées qu' à la tête de ce qu'il a appelé un comité pour le rétablissement de la concorde nationale, le chef de l'Etat Pierre Nkurunziza avait été déchu et que son gouvernement est dissout . Dans ce communiqué, le Chef d'Etat-major de l'armée a fait savoir que le coup d'Etat orchestré par un groupe d'officiers a été déjoué et que les institutions de l'Etat sont protégées et que les postes et endroits stratégiques sont sécurisées. Il a demandé aux responsables militaires, les commandants de région notamment de veiller à la sécurité et à la population de rester serein. Il a félicité les militaires loyalistes et aux putschistes de désarmer et de se rendre sans délais.
Un communiqué laconique qui jette le trouble dans les esprits des milliers et de milliers de manifestants qui ont accueilli avec allégresse l'annonce du coup d'Etat contre Pierre Nkurunziza. Communiqué et contre communiqué ne font qu'alimenter les inquiétudes des populations.
Et qui va avoir le dernier mot ?
Le coup d'Etat anti-Nkurunziza peut connaître quelques difficultés face aux irréductibles d'un président condamné à errer en terre étrangère. Ancien rebelle et resté comme tel même à la tête du pays, Nkurunziza serait même tenté d'entrer au pays par voie terrestre vue que l'aéroport lui a échappé. C'est la voie qui lui est chère et dont il maîtrise les méandres. Mais force est de constater que ceux qui se disent loyaux à Pierre s'engagent dans une voie sans issues pour au moins deux raisons.
D'abord Pierre Nkurunziza et son gouvernement devenu fantoche sont définitivement et indélébilement entachés. Entachée par la gestion calamiteuse de l'Etat de telle manière qu'il ne peut se faire prévaloir d'aucun résultat positif sur le bilan de son actif.
Entachée surtout par le fait qu'il a osé affronter le peuple qui ne faisait que lui rappeler par manifestations son devoir de respecter la constitution. Au lieu d'écouter la voie loyale, la vraie celle-là, il a bouché les oreilles et a envoyé ses chiens de garde pour tirer à bout portant et à balles réelles sur des citoyens non armés.
Aujourd'hui, le camp des oligarques se déclarant loyal à l'ancien chef de l'Etat campe sur les positions de ce dernier et sont prêts à affronter ceux qui se sont rangés du côté du peuple, ils tiennent à conserver leurs privilèges mal acquis. Bref, le camp loyaliste est décidé d'en découdre avec le peuple burundais. Les simplistes de leurs camps, et ils sont nombreux, prétendent que la capitale Bujumbura ne représente pas le pays. Qu'en dehors de Bujumbura, le reste de la population est derrière Nkurunziza. Et pourtant, point n'est besoin d'être un grand sociologue pour affirmer que la population d'une capitale d'un pays est un échantillon très représentative de toute la population de ce pays là. Car nous tous les citadins, nous avons des parents et proches parents. Y a-t-il au Burundi une famille qui n'ait pas un proche ou un parent dans la capitale ?
Depuis hier, partout dans le pays, c'était l'allégresse du nord au sud, de l'est à l'ouest, le peuple était dans les rues pour soutenir le Comité de Salut pour le Rétablissement de la Concorde Nationale. Le départ de Nkuruniziza a été ressenti par le peuple comme une sorte de voile qui est tombée, et ouvrant la voie à de nouvelles perspectives certainement meilleures.