Traités comme de vulgaires bandits
Mais les faits ne donnent pas tout à fait tort au président du CNDD, signataire de la déclaration, au vu des réalités sur terrain. Toutes les radios locales et les médias font état de la peur qui a gagné les Burundais, dont certains, au nord du pays, ont commencé à fuir au Rwanda. Peur, car quand un parti au pouvoir vole en éclats, quand des militants sont expulsés du parti et de leurs responsabilités, quand même les présidents de l'Assemblée nationale, du Sénat et un deuxième vice-président de la République sont traités comme de vulgaires bandits, c'est que la République est en danger. La RPA, Bonesha, Isanganiro et autres ont révélé ce plan macabre visant à destituer les trois personnalités, accusés de soutenir, voire même d'inspirer les frondeurs qui sont contre le 3ème mandat de P. Nkurunziza. '' Les frondeurs du CNDD-FDD accusés de frustration par rapport aux listes électorales'', titre Arib.info reprenant une interview que le W. Nyamitwe a accordée à RFI et où il confirme que les élections ''seront conformes à la constitution'', se refusant toutefois de confirmer si les mêmes élections seront conformes aussi à l'Accord d'Arusha. Pour le chargé de la communication à la présidence, les frondeurs ''frondent'' car ne se retrouvant pas sur les listes des candidats et non pour des questions de mandat de Nkurunziza.
La communauté internationale sort du bois sans langue de bois
Un mandat qui fait tellement peur que même '' Le SG de l'ONU exhorte Nkurunziza à renoncer à briguer un troisième mandat'', surtitre Arib.info un titre de RFI qui constate que ''Présidentielle au Burundi : Ban Ki-moon tente de raisonner Nkurunziza''. RFI qui constate que depuis quelques jours, les visiteurs de haut rang se succèdent à Bujumbura pour exhorter le président burundais ''à réfléchir aux conséquences que pourraient avoir sa décision et à respecter l'accord de paix d'Arusha, qui stipule qu'aucun président ne peut aller au-delà de deux mandats''. Mathias Gillmann, porte-parole de SG de l'ONU a précisé à RFI que son patron avait appelé Nkurunziza « à considérer avec attention les conséquences potentielles pour son pays et pour la marque qu'il va laisser dans l'histoire, de sa décision concernant une participation éventuelle à l'élection présidentielle''. Une manière très diplomatique de lui dire clairement et fermement de ne pas chercher à aller au-delà de ses deux mandats. Et après ce coup de fil, ''tout le monde se demande à Bujumbura jusqu'à quand Nkurunziza pourra résister à cette pression extérieure'', conclut RFI. Xinhua, tout comme d'autres médias font état des pressions exercées sur Nkurunziza. Xinhua donc qui indique que '' L'UA pour des élections guidées par l'Accord d'Arusha et la Constitution'', alors que AFP fait remarquer que ''Au Burundi, l'église catholique, épine dans le pied du président Nkurunziza'', car ''le positionnement de l'Eglise - sans doute influencé par le récent meurtre de trois religieuses italiennes, meurtre dans lequel seraient impliqués de hauts responsables du renseignement burundais selon des médias locaux - a causé "un dommage immense" au camp présidentiel, de l'aveu même d'un cadre du parti au pouvoir (CNDD-FDD)'', indique l'AFP. ''L'UA contre tout ce qui peut déstabiliser le Burundi'' titre toujours Xinhua citant Dlamini-Zuma de l'UA, qui a fait un déplacement pour donner un message clair au Chef de l'Etat burundais. ''Les pressions contre un 3ème mandat du président burundais s'accentuent'', tel est le surtitre d'Arib pour un article de RFI qui constate que '' Nkurunziza sous pression internationale''. Gabon Actu nous fait un clin d'œil, nous faisant observer que P. Nkurunziza lui aussi fait marcher ses lobbies par ce titre : '' Pierre Nkurunziza dépêche un émissaire chez Ali Bongo'' et Antoine Relaxe, auteur de l'article a avoué n'avoir pas obtenu de détails sur cette rencontre, tout en faisant remarquer que l'actualité au Burundi est dominée par ''la fuite de la prison de Hussein Radjabu, devenu son (P. Nkurunziza) ennemi public numéro un et le projet du président Burundais de briguer un autre mandat qui agite la classe politique burundaise et la communauté internationale''. D'autres confrères, ceux du Burkina Faso notamment, dont Le Pays a titré '' Contre le projet de bricolage constitutionnel au Burundi : La communauté internationale sort du bois sans langue de bois''. Le journal qui se réfère aux déclarations des différentes personnalités qui se sont succédées à Bujumbura avec un seul message à Pierre Nkurunziza Président pour conclure que ''Pierre N'kurunziza n'a pas intérêt à engager un bras de fer'' même si malheureusement '' Cette partie de l'Afrique (Centrale) est assurément un véritable îlot d'enfer pour la démocratie. Là-bas "sévissent" des potentats qui ont fini par croire qu'ils sont nés programmés pour le pouvoir''. Un pouvoir qu'ils ont souvent acquis '' par une intrusion violente dans l'Histoire de leur pays, avec en toile de fond des rivières de sang et des vallées de larmes''. Le pays qui estime que si malgré tout P. Nkurunziza s'entête, s'il opère un passage en force, le robinet de l'aide internationale lui sera coupé. Ce sera la fin des haricots et l'asphyxie assurée pour le Burundi. Et de prodiguer ce sage conseil : ''Il est à présent temps, pour lui, de passer le témoin à un autre. Il doit se résoudre à comprendre qu'il y a bien une vie après le pouvoir''.
Une fuite en avant malheureusement possible.
Mais une fuite en avant est malheureusement possible. Et pour preuve, le sort qu'il continue à réserver à ceux de son propre quand qui sont contre ce mandat. L'ultimatum leur adressé a eu des effets, la liste de plus de 130 signataires continue à se vider de repentis de dernière heure ce qui n'a pas empêché que leur châtiment se poursuive. Certains ont été gagnés par la peur sous la pression, d'où : '' Retraits en cascade des signatures contre un troisième mandat présidentiel au Burundi'', un titre de RFI dont le contenu avait été détaillé par d'autres médias locaux. '' Pierre Nkurunzisa a-t-il perdu la raison'' ? S'interroge le Pays complété par Arib pour qui la presse africaine n'est pas tendre avec Nkurunziza car estimant que "Ce monsieur est dangereux''. Dangereux non seulement pour lui-même, car les djinns de la mégalomanie qui l'habitent sont décidément tenaces. Mais aussi pour son pays auquel il promet d'être le Néron si jamais sa soif de se scotcher au fauteuil présidentiel n'est pas assouvie, estime le Pays. Le cas Nkurunziza semble d'autant plus irrécupérable que même ceux qui lui veulent du bien, en le conjurant de ne pas faire le saut de trop, subissent ses foudres.
La pression n'est pas qu'externe.
''Non à la dynastie Nkurunziza'', indique une déclaration du Parti CDP reproduit par Arib.Info pour qui Nkurunziza doit partir car '' il est tout aussi fatigué que fatiguant'', car après tout, ''le tout n'est pas d'être élu démocratiquement, encore faut-il gouverner démocratiquement''. La population de Bujumbura est tout aussi ferme, ''Concert de Klaxon, synonyme de « carton rouge au président Nkurunziza »''. C'est en effet ce jeudi que la société civile avait invité les populations à klaxonner à midi vingt, et à toute autre personne à faire du bruit avec tout ce qui est à sa portée. Question de marquer son désaccord sans appel au troisième mandat. Cndd-burundi.com nous révèle que le pouvoir a planifié de '' Chasser les étudiants des homes universitaires avant la proclamation du 3ème mandat du Président Nkurunziza Pierre'', les étudiants constituant une frange de la population hostile au mandat. Si l'information se confirme, ce sera une preuve de plus que le pouvoir a perdu les pédales en prenant des mesures contre des gens vivant avec ''le casse-tête financier'', comme le démontre l'AFP avec un article signé Aude Genet. Comment le gouvernement du CNDD-FDD en est-il arrivé là ? Une question suscitée par cet article d'opinion signé Gervais Marcel Cishahayo et ayant pour titre : '' quo vadis Burundi ? les élections de tous les dangers de contestations et de débordements''. Pour l'auteur, en tout cas, face aux dangers réels de contestation et de débordements, le Conseil de sécurité de l'ONU et tous les partenaires et amis du Burundi doivent « prendre des mesures appropriées pour prévenir une nouvelle descente aux enfers qui risquerait d'embraser encore une région des grands lacs toujours en quête de sécurité et de stabilité ». Pour l'OAG en tout cas, le pouvoir Nkurunziza ne peut invoquer la Cour Constitutionnel pour se maintenir, pour la simple raison que "La Cour Constitutionnelle (est) incompétente pour interpréter l'Accord d'Arusha" pour au moins deux raisons : L'accord est le fait des acteurs politiques visant la stabilité et la paix, et il est donc nécessaire de s'en ré-imprégner pour maintenir cette paix qui, aujourd'hui est terriblement menacée. L'OAG vite relayé par le même Cishahayo précédemment cité et qui dans Arib confirme qu'il y a bien '' risques de violence sur un fond de tentation de dynastie républicaine au Burundi''. Car pour lui en effet, la situation explosive actuelle exige une politique proactive ferme de persuasion et de dissuasion par la carotte et le bâton pour prévenir la violence sur un fond de tentation d'établissement d'une dynastie républicaine au Burundi. Avec toutes ces analyses, ces pressions, ''Pierre Nkurunziza peut-il vaincre le monde?'', s'interroge Albanel Simpemuka dans Cndd-Burundi.com où l'auteur précise que quelle que soit l'origine des pressions, c'est au peuple que reviendra le dernier mot tout en faisant ce clin d'œil : ''Ne nous contentons pas d'une chronique narrative des soubresauts trompeurs d'une oligarchie prise de panique. Le maître mot est dans l'organisation et non dans les incantations. L'arbre est vermoulu et doit tomber. Que les héros se préparent à lui donner la cognée fatale''. Sur le même site, Arthur Kazima pose la question : '' L'opposition peut-elle aller aux élections de 2015 ? Non, semble dire l'auteur pour qui l'opposition, la société civile, l'Eglise catholique et la communauté internationale se sont focalisées sur la contestation d'un éventuel troisième mandat de Pierre Nkurunziza, au lieu de ''dénoncer, à défaut de démonter les mécanismes du système qui rend impossibles des élections justes et transparentes''. Car même avec sa non-candidature, le système que son parti a mis en place fonctionnera toujours. Il constate que ''l'opposition semble pour le moment amnésique et résignée à revivre le passé, et seules de rares voix en appellent à une transition politique''. Car élections..... Quelles élections?