Mais avant d'exposer la charpente du drame qui plane sur nos têtes, laissez-moi saluer votre sens de retenu . En effet pendant 9 ans vous avez fait preuve d'un sens hautement soutenu de stoïcisme. A cet égard vous avez enduré les pires humiliations, les pires tortures ; vous avez aussi perdu les vôtre fauchés non pas par une guerre civile mais par une gouvernance qui tue, une gouvernance qui viole, une gouvernance qui vole, une gouvernance qui pille le trésor public tel des mercenaires venus d'ailleurs. Vous avez aussi, pendant ce temps de règne du Président Nkurunziza Pierre, vécu les pires privations, la faim vous a tenaillé, la misère vous a rongé pendant que Nkurunziza et son club se la coulent douce dans une opulence extravagante et révoltante ! Pendant neuf ans vous avez connu la prison ou vous êtes toujours en prison de façon arbitraire ! Au cours de ce règne cauchemardesque du Président Nkurunziza vous avez connu comme moi la moulinette du couloir d'exil où humiliations, disqualification et perte d'identité rythment votre quotidien !
Mes Chers compatriotes,
Aujourd'hui, à la veille du rendez-vous électoral de l'année prochaine, vous aviez enclenché le compte à rebours de la fin du règne du Président Pierre Nkurunziza et son club. Vous aviez nourri l'espoir que la force des urnes allait les bouter dehors en 2015. Hélas j'ai le regret de vous annoncer que Nkurunziza et ses amis ont décidé de rester aux commandes de notre nation par tous les moyens y compris par la force armée.
C'est dans cette perspective que la milice Imbonerakure que le chef de l'Etat Nkurunziza a tenu à rencontrer personnellement en privé le 19 Avril 2014 à Ngozi est devenue une force forte, choyée, entretenue et entrainée plus que l'armée régulière. Cette milice appelée à « GUPANGA AKARERE » c'est-à- dire planifier par la force le cours des élections de 2015, occupe une place de choix dans le dispositif du Chef de l'Etat Nkurunziza de se maintenir au pouvoir en 2015. Voilà pourquoi le vieux sage Pierre Claver Mbonimpa qui a osé révéler les activités paramilitaires de la milice en RDC a été arrêté et emprisonné pour le faire taire. C'est cette même importance de la milice qui transparaît dans les agissements grotesques du Conseil National de la Communication qui ne cesse d'interdire toute émission qui traite de la question épineuse de ces entrainements paramilitaires d'Imbonerakure.
Mes Chers compatriotes,
A côté de cette force armée de la milice IMBONERAKURE le Président Nkurunziza et son petit club ont mis en place une Commission Electorale à la solde du Club. Ainsi quand son porte parole, en service commandé, a annoncé le 12 courant l'inéligibilité de certains acteurs politiques de l'opposition, vous aviez cru à un canular de mauvais goût! Mais la Cour suprême n'y est pas allé avec le dos de la cuillère, ce 20 Août, en confirmant l'annonce de Prosper Ntahorwamiye avec deux noms à l'appuie.
Avec cette annonce de déclarer que Messieurs Bamvuginyumvira Frédéric et Rwasa Agathon ne participeront pas aux élections de 2015, comprenez que toutes les figures de proue de l'opposition subiront le même sort. Ajoutez dans ce registre que seuls les partis satellites, inféodés au Club Nkurunziza seront autorisés à participer librement à la préparation des élections. Au demeurant seul Nkurunziza et ses amis participeront aux élections de l'année prochaine.
Le troisième moyen que le Président Nkurunziza a mis en place pour se maintenir au pouvoir de force, c'est la constitution d'un fichier électoral par ses seuls sujets de la Commission électorale susmentionnée. Dans cette dynamique la carte d'identité est désormais octroyée non par les préposés à ce service mais par les fidèles du Président à vie.
Mes Chers compatriotes,
Le pays traverse un moment crucial ! Celui de faire un choix entre la soumission à la dictature du pouvoir autocratique de Nkurunziza pour toute la vie et la révolte populaire contre cette tyrannie ! Le moment est venu de faire un choix entre la vente aux enchères du Burundi et la révolte populaire ! Le temps est venu de choisir entre l'Injustice qui est devenu une loi et la révolte populaire ! Le moment est on ne peut plus propice de faire un choix entre le monopartisme et la révolte populaire ! L'opportunité na jamais été aussi judicieuse de faire un choix entre l'asservissement et la liberté. Le choix entre la vie et la mort s'offre à nous de façon spectaculaire ! Prenez-le ! N'attendez à demain !
Mes Chers compatriotes,
Je vous le conjure, la seule voie qui nous reste pour tirer le Burundi du gouffre dans le quel Nkurunziza et les siens sont en train de le plonger, c'est une révolte populaire ! Pour ce faire un vaste mouvement de rassemblement des leaders politiques, des leaders de la société civile, des leaders des confessions religieuses, des leaders de la jeunesse et de tous les leaders d'opinion s'impose !
Mes Chers compatriotes,
Chers leaders burundais,
Pour ce faire je vous exhorte à faire un sursaut national ! Mettez de côté tous les petits différends d'hier ! Mettez de côté les petites rivalités ! Mettez de côté les petites vengeances ! Ecoutez les cris de détresse de tout un peuple qui vous demande de le secourir ! Pensez à ce Burundi en passe d'être vendu aux enchères ! Faîtes le don de vous-même en constituant un front qui doit sauver notre nation qui s'effondre !
Mes Chers compatriotes,
L'heure est grave ! C'est pourquoi je vous invite militants du CNDD-FDD épris de la démocratie et de la justice sociale, militants de l'ADC-IKIBIRI, militants de l' UPRONA, militants du FRODEBU-NYAKURI, militants du FNL de Jacques Bigirimana, militants de l'UPD de Zedi Feruzi , militants de tous les partis politiques, à vous lever comme un seul homme et barrer la route à une présidence à vie du Président Pierre Nkurunziza. Cette perspective est une menace dangereuse à la survie de notre nation.
Mes Chers compatriotes,
Chers journalistes,
Quand le Président Nkurunziza et ses copains érigent l'injustice comme une loi et un mode de gouvernement, la résistance par une révolte populaire devient un droit et une obligation patriotique. Dès lors les chevaliers de la plume et du micro ne peuvent pas se dérober à ce devoir civique. C'est ainsi que les journalistes sont eux aussi appelés à contribuer à leur manière à cette noble mission.
Mes Chers compatriotes,
Pour terminer ma lettre je vous renvoie au clin d'oeil de Nicolas Machiavel qui soutient que : « La meilleure forteresse des tyrans, c'est l'inertie des peuples ». Dès à présent levez-vous comme un seul homme et cette forteresse du Président Nkurunziza tombera comme un château de cartes. En outre j'ajouterais à cette pensée de Machiavel que la meilleure forteresse des tyrans, c'est la peur des peuples. « N'ayez pas peur ! », conseille le saint Jean Paul II.
Dans l'espoir d'une suite prompte à cette lettre ouverte, je vous prie d'agréer chers compatriotes, l'expression de ma considération très distinguée.
VIVE LA REVOLTE POPULAIRE AU BURUNDI !
QUE DIEU VOUS BENISSE ! QUE DIEU BENISSE LE BURUNDI !
(sé) Pancrace CIMPAYE.
