Pour la première fête communale organisée au niveau nationale, la population et les natifs de Gitega ont boudé les cérémonies. Beaucoup disent n'y voir aucun intérêt.
Dès le mois de juillet, les administratifs à la base avaient mobilisé la population : la fête communale devrait avoir lieu le 17 Août. Que ce soit dans leurs réunions ou dans les travaux communautaires, le mot d'ordre était le même : « Venez tous au stade de Gitega massivement à la fête communale. »
Dans tous les services l'invitation était de rigueur. Ceux qui étaient admis à la réception devraient cotiser une somme de 5000Fbu .
A la veille du jour J, un match de football opposant deux clubs de la ville de Gitega a été organisé. Le soir, une veillée culturelle était organisée au Centre Jeunes de Gitega. Selon des sources concordantes, le personnel chargé du protocole a eu la vie facile : on ne s'est pas bousculé à l'entrée comme dans les autres fêtes...
« Cette fête n'avait pas raison d'être »
Samedi matin, jour du rendez-vous, les activités ont débuté par les travaux communautaires rehaussés par la présence du deuxième vice président de la République à l'université polytechnique. Mais quand il a fallu se diriger vers le stade, cela a été une autre histoire. Il a fallu utiliser les hauts parleurs pour rappeler à la population de la ville de Gitega à se diriger vers le stade. Mais les citadins et les passants n'ont pas été convaincus.
La tribune et les gradins étaient déserts. Le défilé n'a duré que 5 minutes. Il a fallu permettre aux corps défilant d'aller occuper les chaises qui, dans les autres jours de fête à Gitega, sont réservées aux invités de marque et les officiels. Seuls deux groupes de danseuses et les tambourinaires de Higiro occupaient tout l'espace.
Pour certaines personnes de la ville de Gitega et ses environs, cette fête n'avait pas raison d'être. Léonidas, un fonctionnaire et habitant le quartier Magarama a indiqué que les fêtes sont déjà nombreuses et qu'il n'a plus le temps de s'occuper de sa famille : « Je ne sais pas si ce n'est pas une occasion de faire la propagande ? Si ce n'est pas les anniversaires villes ou des personnalités quelconques, ce sont des visites de natifs de telle ou telle formation.»
L'administrateur de Gitega dans son discours a déclaré que les jours de fête devaient être réduits pour permettre une relance économique.
Beaucoup s'interrogeaient si ce rappel à l'ordre n'était pas déplacé dans la mesure où la population critiquait déjà des fêtes interminables organisées par l'administration. Dans ces festivités boycottées par la population, les chefs des quartiers et les anciens de la commune Gitega avaient eu le privilège de raconter ce qu'ils savent sur la vie de la commune depuis la monarchie jusqu'aujourd'hui. Beaucoup se sont attardés sur les réalisations du pouvoir en place. Ce qui leur donnait l'ovation du public : « Depuis ma naissance, aucun autre pouvoir n'a construit beaucoup d'écoles et d'hôpitaux comme le fait aujourd'hui le CNDD-FDD », a raconté Damien Habonimana, actuellement fonctionnaire de bureau à la commune de Gitega.
Les cérémonies ont été clôturées sur la remise des prix « aux hommes et femmes qui se sont distingués dans le développement de la commune. »
Ngozi, fête de la commune ou du président ?
Pour la première fête de la commune à Ngozi, certains parlent d'une fête des Bakenyererarugamba (femmes militantes du parti présidentiel), d'autres pensent à un évènement dédié au président de la République : « Mais...où sont les hommes ? », premier constat dès qu'on arrive au stade.
Journée de la femme, croirait-on. « Des Bakenyererarugamba » en plus, murmurent certains esprits venus par curiosité.
Mais rien ne le prouve. Pas d'insigne du parti. Pourtant, une autre consigne semble avoir été donnée, tenant compte de la tenue du jour : des T-shirts à l'effigie du « cher » président, saturent les regards. Certains sont un peu déroutés et ne savent plus pourquoi ils sont là. « C'est la compétition de danse des Bakenyererarugamba », lance, les mains dans les poches, un vieux, venu assister aux cérémonies, avant qu'une maman, bébé dans ses bras, ayant parcouru des kilomètres pour arriver sur les lieux, ne renchérisse, sûre d'elle : « c'est la fête du président !» Et la personnalité, tant évoquée, n'est pas si loin. Chez eux : à Buye, en commune Mwumba, frontalière de la commune Ngozi. C'est la fête des communes : « La journée à célébrer chez soi », avait-on dit.
Face à cette ignorance ou désinformation de la population, Clotilde Caraziwe, administrateur, défend : « c'est la première fois que l'évènement a lieu. Certaines personnes ne savent pas encore pourquoi son existence et son bien-fondé. Petit à petit, ça finira par rentrer dans les esprits.»
Source:http://www.iwacu-burundi.org/la-fete-de-la-commune-un-fiasco-general/
