Selon les informations recueillies au près de certains habitants de la zone Kigina de la commune de Nyabiraba, les agents du Service National de Renseignement sont allés en date du 14 avril 2014 dans la zone Kigina vers minuit à bord d'un véhicule dans lequel il y avait des fusils. Selon les personnes contactées sur place, parmi ceux qui auraient réceptionné ces fusils, sont cités notamment: Ernest actuellement directeur de l'Ecole Primaire Nyakigina II, Kamwenubusa membre de la milice imbonerakure, Damas agent du Service National de Renseignement (SNR), Innocent agent aussi du SNR actuellement résidant de la commune Kanyosha de la mairie Bujumbura et Noel élève de la deuxième année de la section pédagogique à Gitaza.
En plus de la distribution des armes, les personnes précitées sèment la terreur dans la province de Bujumbura. Ils ont accusé un enseignant de l'école primaire de Gasi qu'il a insulté le Président de la République. Comme il n'était pas natif de cette localité, il a dû fuir pour sauver sa vie. Un autre enseignant de cette école a reçu plusieurs menaces lui disant qu'il est Igipinga, un sobriquet en kirundi pour dire que c'est un opposant, et qu'on va le redresser. Les deux enseignants sont originaires de la province de Bururi. Un groupe des imbonerakure est venu les attaquer, mais ils n'ont pas pu les attrapés car ils avaient déjà pris le large. "Merci à Dieu qui les a sauvés", nous a déclaré un habitat de la zone Kigina.
Une autre personne rencontrée au chef-lieu de la zone Nyabiraba a révélé le nombre total de fusils distribués dans sa commune: «Notre commune comprend de 4 zones: Kigina, Nyabiraba, Nyabibondo et Matara. Quatre fusils ont été distribués par zone, ce qui laisse entendre qu'il y a actuellement au moins seize fusils dans la population de notre commune. A quoi ces fusils vont-ils nous servir? Nous nous attendons aux catastrophes», nous a dit cette la personne rencontrée au chef lieu de la zone Nyabiraba.
Comme la population a beaucoup peur de cette distribution massive d'armes à feu par les services de l'Etat, un habitant de la zone Kigina nous a exprimé son souhait: «Mon souhait est que toute la population soit protégée. Je demande à toute la population de se lever comme une seule personne et de dénoncer cette distribution des armes dans la population. Au lieu de nous apporter les projets de développement, ils nous apportent les fusils qui vont nous tuer. Les dirigeants de ce pays ne nous aiment pas du tout. Cette nouvelle est à la une. Tout le monde a vraiment peur», a fait savoir cet habitant personne de la zone Kigina.
Pour rappel, les medias locaux faisaient état le 11 avril d'une note interne des Nations Unies selon laquelle le gouvernement du Burundi était en train d'armer et d'entraîner des membres de la milice Imbonerakure, un mouvement des jeunes intégré au parti du président au pouvoir, des allégations que le gouvernement burundais avait qualifiées de «rumeurs sans fondement», exigeant des excuses de l'ONU.
Comme réaction à la diffusion de la note interne de l'ONU, le gouvernement burundais a annoncé, jeudi le 17 avril 2014, avoir expulsé de son territoire le responsable de la sécurité du Bureau des Nations Unies au Burundi (BNUB), Paul Debbie.
L'ONU a déploré la décision du Burundi d'expulser un de ses diplomates dans la mesure où il avait abordé à plusieurs reprises avec le gouvernement du Burundi la question de la fourniture d'armes aux Imbonerakure, notamment lors d'une visite à Bujumbura d'un haut responsable onusien.
Dans sa prise de position sur cette question, le porte parole des Nations Unies Stéphane Dujarric a fait déclaré ce qui suit: «Etant donné la gravité des accusations, nous en avons parlé aussi au Conseil de sécurité et nous avons demandé au gouvernement de mener une enquête», ce que la société civile du Burundi et tous les partis politiques d'opposition souhaitent, mais que le Gouvernement du Burundi ne veut pas entendre de ses oreilles.

