1. De fausses apparences et mauvaise étiquette.
C'est un fait historique que le CNDD-FDD est né de la scission du CNDD, organisation politico-militaire née au lendemain de l'assassinat du Président Melchior NDADAYE, pour résister au putsch et restaurer la démocratie. Face à une armée majoritairement Tutsi, le CNDD avait mis en place une branche militaire appelée FDD, qui était composée en majorité de Hutu pour des raisons historiques et sociologiques .
Le CNDD-FDD a ainsi hérité de l'étiquette de parti Hutu comme l'UPRONA est appelé parti Tutsi par les medias.
En réalité, si les principaux dirigeants sont de l'ethnie Hutu, le parti a recruté dans toutes les ethnies comme du reste l'exigent la Constitution et la Charte de l'Unité Nationale.
Dans sa gestion du pouvoir, le CNDD-FDD ne s'est préoccupé que des intérêts d'un petit groupe mafieux de dirigeants (Hutu et Tutsi) qui sont autour du Président de la République :
- Dans ce petit pays pauvre et surpeuplé, l'enrichissement insolent des dignitaires du régime s'est fait au détriment de l'ensemble de la population, Hutu, Tutsi et Twa. L'exploitation frauduleuse des minerais d'or, de wolfram et du coltan, profite à un petit cercle autour du chef de l'Etat, pendant que la majorité de la population « à 85% Hutu » croupit dans une misère indescriptible. Il en est de même de la privatisation sauvage des entreprises de l'Etat et des nombreuses malversations économiques.
- La répression contre l'opposition frappe principalement des membres de l'ethnie Hutu : les massacres( Muyinga, Gatumba, Kabezi, etc) et les nombreux assassinats ont essentiellement décimé des Hutu. Il n'est pas superflu de préciser que les opposants politiques et militants Tutsi des droits de la personne humaine Tutsi comme Manirumva Ernest ne sont malheureusement pas épargnés. Un site web écrivait à ce propos, que le régime Nkurunziza est peut être celui qui a tué le plus grand nombre de Hutu après celui du sinistre Micombero qui avait perpétré un véritable génocide en 1972. On se demande même s'il n'est ferait pas pire dans des conditions similaires à celles de 1972, d'un Burundi sous le lock-out total.
- Les dirigeants de l'opposition sont indistinctement persécutés quelque soit leur ethnie d'origine.
En réalité, le pouvoir de Nkurunziza n'est ni Hutu, ni Tutsi (et c'est tant mieux ainsi), il est au service de quelques oligarques civils et militaires qui ne se préoccupent même pas de la misère des militants de base de leur organisation politique.
2. La rengaine des pouvoirs aux abois.
Le système CNDD-FDD n'est malheureusement pas le premier à recourir au désastreux discours ethnique pour sauvegarder son pouvoir. Les pouvoirs issus des coups d'Etat ont excellé dans cette manipulation criminelle de l'émotion ethnique. Les conséquences ont été des torrents de sang sur les collines de notre pays, la misère généralisée, le sous-développement chronique dont sont victimes les Hutu, les Tutsi et les Twa. Les boutefeux quant à eux se la coulent douce, que ce soit au Burundi ou à l'étranger.
Nkurunziza et ses acolytes, aussi médiocres que ses prédécesseurs ne trouvent rien de mieux qu'à faire ce que dans le maquis prétendaient combattre. Il s'agissait en réalité du « ôte-toi de là, pour que je m'y mette ». A près de dix ans de pouvoir, Nkurunziza et son clan ont prouvé qu'il n'avaient ni programme, ni volonté, ni l'éthique ni le savoir pour apporter un mieux être au peuple burundais. Ils savent que la population a maintenant compris ( barabahinyuye), et à quelques mois des élections, la peur de perdre leurs excessifs privilèges leur font perdre la raison. Des actes et des paroles sont nombreux pour prouver qu'ils sont prêts à hypothéquer l'avenir de tout un peuple pour sauvegarder les intérêts d'un petit groupe de personnes.
3. Que le peuple ne tombe plus dans le piège.
Ma conviction est qu'il ne peut y avoir de bonheur des Hutu, sans le bonheur des Tutsi ou des Twa ; et vice versa. Notre destin est commun en tant que burundais. L'histoire récente de notre pays a prouvé que nous avons perdu trop de temps à nous entretuer au lieu de mettre en place notre génie afin de mener la guerre contre l'ignorance, le sous-développement, la faim et les maladies.
La minorité de quelques extrémistes et nostalgiques du passé ne doivent pas nous faire dévier du chemin de la réconciliation et de la démocratie entamé à Arusha. Les démocrates et patriotes Hutu, Tutsi et Twa, de toutes les régions, de tous les partis( y compris du CNDD-FDD), de la Société Civile avons le devoir historique de nous rassembler dans un vaste Front afin de dire non au retour au régime basé sur la haine ethnique et/ ou régionale, et dire oui à la Démocratie , à la Réconciliation Nationale et à la Justice.
(1)Des politiciens Hutu rwandais qui avaient rejoint le FPR en 1990, ont participé au premier gouvernement et sont par la suite tombés en disgrâce avant d'etre emprisonnés ou même assassinés
(2) Sans qu'il y ait eu un recensement ethnique, il est admis que le Burundi est habité par une population de 85% de Hutu, 14 %de Ttutsi et 1% DE Twa.
