La région continue de souffrir depuis des décennies, de multiples conflits locaux et régionaux alimentés par, entre autres, l'instabilité politique et la mauvaise gouvernance, la corruption et l'extrême pauvreté, les divisions ethniques et l'exploitation abusive d'abondantes ressources naturelles. Ma délégation estime que ces trois valeurs, à savoir l'unité, la dignité et le travail, sont les piliers de toute société prospère et pourraient grandement participer à trouver des solutions à l'écheveau de conflits armés et au sous-développement sévissant dans la région. Il n'y aura pas de solutions aux nombreux problèmes tant que régneront la division au lieu de l'unité, de graves violations des droits de l'homme au lieu du respect de la dignité de tous, et l'extrême pauvreté au lieu d'un travail digne pour tous.
L'unité est une valeur cardinale pour l'harmonie des peuples dans leur diversité. Elle éloigne la crainte des autres tribus et des communautés. Elle reconnaît la pluralité des opinions politiques et les croyances religieuses. Elle évite la corruption et la cupidité qui mettent en danger la justice et la solidarité. Traduire en réalité cette valeur fondamentale de l'unité dans la diversité, est un défi constant, qui exige à la fois créativité, générosité, abnégation et respect de l'autre.
Ensuite, la dignité. Le respect et la solidarité mutuelle ne sont possibles que si chacun reconnaît l'inhérente et égale dignité pour tous ; que si ceux qui ont les moyens de jouir d'une vie décente, cherchent à aider les plus démunis à atteindre des conditions de vie dignes, plutôt que de se préoccuper de leurs privilèges.
Enfin, le travail. Un travail décent pour tous améliorerait grandement la vie de tout le monde. S'adressant aux Centrafricains à Bangui, le pape François a exhorté tous les pays de la région à se développer en exploitant judicieusement leurs nombreuses ressources, ressources qui font de cette région, « l'un des deux poumons de l'humanité, en raison de leur biodiversité exceptionnellement riche. »
La communauté internationale doit soutenir les pays de la région pour que les abondantes ressources naturelles cessent d'être une malédiction au lieu d'être une bénédiction, pour qu'elles cessent d'être exploitées au profit de quelques privilégiés au lieu d'être au service du bien commun. Il est sans doute superflu de souligner l'importance capitale d'une gouvernance honnête de la part des pouvoirs publics.
Monsieur le président,
L'arrivée au pouvoir de gouvernements stables et légitimes, exige des processus électoraux libres, crédibles, inclusifs et transparents pour décourager le recours aux armes. Les gouvernements et tous les protagonistes de la région doivent être aidés à négocier et affronter leurs divers enjeux, de la façon la plus impartiale possible, n'ayant à l'esprit que l'intérêt commun de tous les citoyens.
La région est déstabilisée par la vaste prolifération des armes et des groupes armés qui se font la guerre sur son territoire. On devrait offrir à ces groupes des raisons crédibles de se désarmer et de s'engager à coopérer dans le développement de leurs pays respectifs. La communauté internationale doit assumer un rôle plus important dans les programmes visant à contrôler le trafic légal et illégal des armes. Le Saint-Siège exprime sa reconnaissance pour les pays qui se sont déjà engagés dans cette voie.
Un investissement plus important dans la diplomatie préventive doit accompagner tous les efforts. La priorité de l'activité diplomatique du Saint-Siège est accordée à une action préventive orientée vers la sauvegarde de la dignité inviolable de toute personne humaine, la protection des droits fondamentaux de l'homme, la promotion de l'éducation et des soins de santé pour tous, ainsi que la promotion de l'identité de chaque peuple.
Le grave problème du recrutement des jeunes et des enfants par des groupes armés et des organisations terroristes doit être contré de manière décisive par des investissements dans l'éducation et la création d'emplois, ce qui permettrait aux jeunes d'espérer en un avenir meilleur.
Monsieur le président,
Le pape François exprime sa profonde considération pour tout ce que la communauté internationale a fait. Il demande à tous de continuer sur le chemin de l'unité, de la dignité et d'œuvrer pour aider les pays de la région à réaliser le désarmement, à atteindre la prospérité et à obtenir une administration saine à tous les niveaux.
Je vous remercie, Monsieur le président.
(*) Traduction de Kinda Elias pour La DC. Titre de La DC.
http://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Documentation-catholique/Saint-Siege/Mgr-Auza-Onu-ressources-naturelles-cessent-etre-malediction-pour-region-Grands-Lacs