mercredi, 20 janvier 2016 19:33 Écrit par  24heures.ch

Bujumbura, la traque aux «insurgés» fait rage

 Dans les quartiers dits contestataires de la capitale burundaise, la population vit dans la terreur de la répression.

La crise politique profonde dans laquelle est englué le Burundi a déjà fait plusieurs centaines de victimes. A Bujumbura, la peur est omniprésente.
Patricia Huon Bujumbura
«Tant que le président est au pouvoir, nous ne vivrons pas en paix.» Dans le jardin d'un hôtel, à l'écart des oreilles indiscrètes, un jeune homme d'une vingtaine d'années oscille entre colère et désespoir. Deux jours plus tôt, il a échappé à une rafle des forces de l'ordre dans une gargote où il prenait un verre avec des amis. «Une quinzaine de personnes ont été emmenées, témoigne-t-il. J'ai réussi à m'enfuir. Mais combien de temps avant que je ne sois aussi attrapé?» Une mère est sans nouvelle de son fils de 19 ans. «Ce n'est pas un combattant, il n'a pas d'arme, dit-elle, la voix marquée par l'inquiétude. Mais ils ne font plus de différence. A Nyakabiga, Musaga, Cibitoke... tous les jeunes hommes sont en danger.»


Ces quartiers sont ceux où, d'avril à juin, ont eu lieu des manifestations contre la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat. Ce mouvement populaire a été violemment réprimé. Depuis, plus de cinq mois après la réélection du chef de l'Etat, les habitants de ces zones perçues comme les bastions de l'opposition subissent des représailles. Beaucoup de maisons sont vides, des boutiques ont mis la clé sous porte. A la nuit tombée, les rues autrefois animées sont désertes. Ceux qui le pouvaient ont déménagé ou se sont exilés. Pour ceux qui restent, fouilles, arrestations et disparitions sont devenues une réalité quotidienne.
Peur omniprésente
«La récréation est terminée.» C'est ce que disent les policiers quand ils mènent leurs opérations, de maison en maison, témoigne un habitant. Ils prétendent chercher des armes et des rebelles, mais ils volent, rançonnent et brutalisent la population. De petites poches de résistance persistent dans ces quartiers. La nuit, résonne parfois l'explosion d'une grenade jetée sur un policier. Des groupes, formés de militaires déserteurs et de jeunes civils, dont certains auraient été entraînés dans les pays voisins, sont passés à la lutte armée. Mais pour l'instant, aucune faction n'a démontré sa capacité à mettre en place une opération d'envergure capable de faire le poids face aux forces du régime.
La crise politique profonde dans laquelle est englué le Burundi a déjà fait plusieurs centaines de victimes. A Bujumbura, la peur est omniprésente. Informations, rumeurs et photos de corps ensanglantés circulent pêle-mêle sur les réseaux sociaux. «Chaque jour, cela s'aggrave un peu, dit une jeune femme. On ne voit plus d'issue.» La presse indépendante et la société civile ont été réduites au silence, et la méfiance s'est immiscée partout. Les témoignages se font sous couvert d'anonymat.
Négociations au point mort
La semaine dernière, les Nations Unies ont dénoncé des massacres, des viols collectifs et des violences à caractère ethnique. A plusieurs reprises, le pouvoir a tenté de faire ressurgir le clivage entre Hutus et Tutsis, des propos qui rappelle le génocide au Rwanda. La plupart des quartiers où ont eu lieu les manifestations et qui subissent aujourd'hui la répression sont à majorité tutsie. La population, dans son immense majorité, ne s'est pas laissée entraîner par cette dangereuse rhétorique. Mais tous les moyens sont bons quand il s'agit de terroriser. Des déclarations inquiétantes de membres des autorités et des témoignages dénonçant l'emploi d'un langage à caractère ethnique par des membres des forces de sécurité rappellent que l'équilibre est fragile. La longue guerre civile, qui a fait plus de 300 000 morts, a pris fin il y a à peine une décennie.
Malgré les pressions, le président Nkurunziza s'obstine dans sa fuite en avant. Les autorités burundaises refusent fermement toute mission de maintien de la paix, y compris l'envoi de troupes proposé par l'Union africaine. Les négociations sont au point mort et le Burundi continue de sombrer dans la violence.

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