A 13 heures, le 28 janvier 2014, c'était le moment de se mettre à table pour le grand repas de la journée. Du côté de la route passant devant le bureau de l'ombudsman, les femmes étaient assises, les unes avec les enfants dans les bras, avec à leurs côtés des assiettes, des bidons et des seaux. Elles se servaient dans leurs assiettes en plastiques du riz et des haricots. De l'autre côté, les hommes croquaient du maïs cuit. Un d'eux nous a dit qu'un bienfaiteur leur a donné 40 kg de riz, et ils ont cotisé 200 F bu chacun pour avoir le haricot.
Selon une de ces personnes venues pour réclamer leur argent, elles auraient travaillé depuis l'an 2011 jusqu'à nos jours et n'ont pas encore perçu l'argent en contrepartie du travail accompli.
Ces personnes nous ont aussi dit que le gouvernement leur avait demandé de se regrouper en associations et de faire la multiplication des arbres fruitiers par des pépinières. Pour accomplir rapidement leur travail, elles ont dû louer des véhicules de transport, et recourir à d'autres personnes comme une main d'œuvre. La conséquence est que leurs biens sont parfois saisis par les gens qu'elles avaient employés. Les descentes à Bujumbura pour leurs revendications leur font perdre beaucoup de temps et occasionnent beaucoup de dépenses.
Leur souhait est que les médias portent loin leur voix et elles ne comptent retourner chez elles que quand elles auront eu gain de cause.
L'Observatoire de Lutte contre les Malversations Economiques, OLUCOME en sigle, avait déclaré que ce projet était plein d'irrégularités. Le prix des fruits a été multiplié par cinq au marché, depuis que le président du Burundi Pierre Nkurinziza a lancé la politique de multiplication arbres fruitiers.