lundi, 11 mai 2015 08:08 Écrit par  Cyriaque Rubavu

Revue de presse 10 : Un mandat de trop, un mandat du sang

''Nkurunziza a officiellement déposé sa candidature à un 3ème mandat'', s'est écrié AFP qui ne manque pas de faire remarquer que ce mandat est source depuis 13 jours de manifestations émaillées de violences. D'un ton plutôt débonnaire, Iwacu constate que ''Deux candidats aux présidentielles déposent leurs dossiers'' rappelant du coup que le Président Nkurunziza a déjà signé le décret n°100 / 139 du 7 mai 2015 portant ouverture de la campagne électorale pour les élections des députés et des conseils communaux. Les deux candidats n'étaient autres que Nkurunziza en chair et en os et Gérard Nduwayo du parti de Concilie Nibigira. ''Jusqu'où ira l'épreuve de force ?'', s'interroge France 24, les affrontements des trois dernières semaines ''témoignent de la détermination des deux camps. Au risque de faire basculer dans le chaos ce pays encore traumatisé par des années de guerre civile''.

La détermination du désespoir

La détermination du camp Nkurunziza est confirmée par le dépôt de sa candidature, une candidature légalisée par une cour constitutionnelle inféodée à son pouvoir et à sa personne, sauf un de ses membres qui a préféré prendre le large comme nous l'a indiqué RFI qui a constaté avec nous tous que '' le vice-président de la Cour Constitutionnelle en fuite'', un même titre repris par cndd-burundi.com dans un article signé ''Pierre Nkurunziza'' tout en espérant qu'il ne s'agit point de Pierre, le candidat. L'article de RFI est surtitré ''Déclaration explosive du vice-président de la Cour constitutionnelle'' par Arib.info. Il s'agit bien de celle de Sylvère Nimpagaritse, vice-président de la Cour Constitutionnelle qui s'est refusé à cautionner un hold up constitutionnel. ''Ils me disent que je vais assumer et que j'engage ma vie et celle de ma famille'', a donc révélé Sylvère après avoir jeté le tablier, accusant ainsi les zélateurs du pouvoir de l'avoir menacé à plusieurs reprises. « En mon âme et conscience, j'ai décidé de ne pas apposer ma signature sur une décision qui est imposée de l'extérieur, qui n'a rien de juridique », a-t-il dit, une phrase qui restera sans doute dans les annales de l'histoire du pays.

On l'a déjà dit, la candidature de Nkurunziza a été une source de violences avec '' Des manifestants tués par balle'' poussant, ''Washington (à) hausse (r) le ton'', nous fait observer Arib.Info par son surtitre d'un titre de Rfi du 04 mai qui constatait une '' accalmie à Bujumbura''. La candidature a suscité un tollé de protestation, celles de la rue d'abord, puis celle des Etats-Unis qui estiment la candidature de Nkurunziza ''anticonstitutionnelle'' a fait remarquer APA qui constate que la Cour constitutionnelle du Burundi a ''entériné la troisième candidature du président Pierre Nkurunziza'', alors que Burundi Transparence constate ébahi que la Cour Constitutionnelle "légalise" la candidature de Pierre Nkurunziza pour son 3e mandat ! Nos confrères qui se consolaient en pensant que la décision de la Cour Constitutionnelle n'est pas encore définitive, car croyant que c'est à la CENI d'accepter ou pas cette candidature. Un espoir perdu depuis samedi dernier mais sans trop de surprise car indique Burundi Transparence ''sauf une heureuse surprise, la CENI c'est la sœur jumelle de la Cour Constitutionnelle, même géniteur politique, même nourricier''.
Encore une fois, tout espoir n'est pas encore perdu, indique Enock Haziyo pour qui''Les forces vives de la Nation sont toujours là, en bonne santé politico-diplomatique. Ils peuvent à tout moment remettre les pendules à l'heure''.

Seul contre tous.

Iwacu rapporte la déclaration du CAR (Ce Citoyen Africain pour la Renaissance) pour qui l'arrêt du 4 mai 2015 de la Cour Constitutionnelle...''révèle l'ignominie la plus absurde des gardiens du respect de la constitution Burundaise du 18 mars 2005''. ''Sacrée cour constitutionnelle !!!!!!!!!!!!, s'indigné Car à travers IWACU pour qui il s'agit ni moins ni plus que d'un ''acte le plus bas, honteux et le plus ahurissant en Afrique sous ce 21ème siècle naissant'', le CAR qui regrette que le ''ridicule (ne) pouvait encore tuer en Afrique''. Burundi News dénonce ''Un arrêt de la cour constitutionnelle nul et non avenu pour vice de forme ''car écrit-il, la cour a été saisie par les sénateurs le 17 avril; soit 8 jours avant que Nkurunziza soit désigné par son parti. La saisine rédigée le 17 avril est arrivée à la cour le 28 avril 2015. La cour devait déclarer nulle la saisine car elle a été faite au moment où l'objet de la saisine n'était pas réalisé. Pour Burundi News donc '' On ne peut pas porter plainte pour une infraction non encore commise''. Horrifié, Burundi Transparence constaté que '' Pierre Nkuruziza, seul contre tous, défie le monde entier ! Alors que cndd-burundi.com s'écrie : ''C'est la confirmation !'' avec ce clin d'œil signifiant que ''Les révélations du désormais ex Vice-Président de la Cour constitutionnelle n'ont surpris que ceux qui se faisaient encore des illusions sur le caractère démocratique du régime Nkurunziza''.

Aucune élection n'est possible. On ne négocie pas un droit.

Pour le site du Parti CNDD de Léonard NYANGOMA, par cette décision de la cour constitutionnelle ''Le régime prend en otage des citoyens innocents'' et met en danger ''la paix régionale''. Dans les conditions actuelles, aucune élection libre et démocratique ne peut se tenir au Burundi, constate l'auteur de l'article pour qui ''Ce sera le canon de fusil à la tempe que les électeurs iront aux urnes, ce sera le canon de fusil à la tempe que la CENI proclamera les résultats. La Cour Constitutionnelle qui a jugé la candidature au 3ème mandat recevable, confirmera sans aucun doute les résultats''. Ces élections ne seront qu'une fuite en avant, de l'huile sur le feu, et malheureusement cela risquerait de durer longtemps ! avertit CNDD-Burundi.com pour qui un dialogue des parties en présence est nécessaire, mais '' sans Nkurunziza, cela s'entend'', avertit le site du CNDD. Le Monde du 06 avril constate que ''le pouvoir affiche sa fermeté face aux opposants'' car n'ayant pas cédé aux pressions de la rue tout en estimant que cette candidature augure un regain de tension notamment à Bujumbura, la capitale. Xinhua estime quant à lui que Nkurunziza est entré dans une sorte de marchandage en appelant à ''arrêter les manifestations contre son 3e mandat en promettant l'ouverture des radios fermées et la maison de la presse. Même constat de RFI qui fait état de '' la «main tendue» sous conditions du gouvernement'' dont le Vice-président du pays a promis que « Le gouvernement est disposé à relâcher les jeunes gens qui ont été arrêtés au cours des violences enregistrées dans les différents quartiers de la capitale, à condition qu'ils renoncent explicitement à la récidive ''. ''On ne négocie pas un droit'', s'est écrié Gabriel Rufyiri de l'OLUCOME sur RFI et pour qui ''seul le renoncement de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat mettra fin aux manifestations'' car précise-t-il, ''Le droit de manifester c'est notre droit. Tous les droits qui nous sont reconnus par la Constitution et les conventions internationales, qui ont été ratifiées par le Burundi ont été systématiquement enterrés par le gouvernement ''.

Dialogue, mais quel dialogue ? Par qui ? pour qui ? et où ?

AFP, elle, nous révèle des '' discussions entre le gouvernement et opposants au 3ème mandat de Nkurunziza''. La même agence confirme dans ses publications du 08 mai que ''Les négociations entre pouvoir et opposants au 3ème mandat avancent'' et que selon deux sources proches de ces négociations, ''un accord serait même proche''. ''Selon l'une d'elles, il prévoirait un report des élections mais «renverrait» surtout, pour sortir de la crise, «aux décisions prises par les chefs d'Etat de l'EAC», la Communauté d'Afrique de l'Est, qui se réunissent en sommet extraordinaire sur le sujet à Dar es Salaam (Tanzanie) mercredi''. La Voix de l'Amérique annonçait dès le 06 mai une ''Tentative de dialogue au Burundi'' rapportant même : certains des propos d'un des négociateurs pour qui'' "Nous avons discuté jusque tard dans la nuit mais j'ai peur qu'on ne puisse pas aboutir car le gouvernement ne veut pas discuter du 3e mandat de Nkurunziza. Mais cette question est non négociable pour nous". Des négociations ou des dialogues qui ne cadrent guère à ceux du parti CNDD qui dans un article essaie d'expliquer le pourquoi d'un dialogue et d'une transition dans le contexte actuel. ''Un dialogue et une transition, pourquoi ?'', demande-t-il tel un maître d'école posant une question tout en connaissant la réponse. L'article démontre bien que s'engager dans des élections dans les conditions actuelles serait une aventure, que s'y engager sans dialogue préalable serait faire fausse route, un dialogue dont l'ordre du jour a été proposé, avec une feuille de route claire. Mais attention, avertit cndd-burundi.com, la vigilance appelle à ''ne pas ouvrir la porte à des ingérences extérieures qui risqueraient de compliquer le problème'' estimant que '' Les Burundais, qui font preuve d'unité dans le combat contre l'illégalité et la dictature, peuvent s'en sortir, et doivent se méfier des soi-disant sauveurs qui viendraient appliquer leur propre agenda''. Sur le même registre, un article signé Albanel Simpemuka entre dans ce même schéma de réflexion car démontrant l''' Impossibilité d'aller aux élections et nécessité du dialogue pour une transition''.

Et que dire de la grande muette ?

Le site du CNDD est, sur certains points, rejoint par un article de l'AFP citant l'UA pour qui "L'environnement au Burundi pas propice à des élections". Elle rapporte les propos de Nkosazana Dlamini-Zuma, dans un entretien à la télévision chinoise CCTV. La Croix indique en tout cas que ''Les évêques du Burundi (sont) préoccupés par le climat de tension de leur pays'' alors que Xinhua indique que ''les évêques catholiques exigent le dialogue'', vite relayés par Radio Vatican qui indique que ''Au Burundi, les évêques appellent à la responsabilité des acteurs politiques'' relayant ainsi le message des évêques du Burundi qui ont fait observer que ''Celui qui veut bien gouverner accepte d'être comme le père de toute la nation. Or un bon père est celui qui peut même renoncer à son droit lorsqu'il voit que c'est cela qui constitue le salut de sa famille'' allusion étant sans doute faite à l'endroit de la 3ème candidature de P. Nkurunziza. Le Figaro constate que ''Au Burundi, la crise politique divise les forces de sécurité'' confirmant l'existence d'une ''Guerre de communiqués au sein des forces de l'ordre''. Alors que le ministre de la défense, ''réaffirmait la neutralité de l'armée et demandait que cessent «les atteintes aux droits» constitutionnels des Burundais'', le lendemain, le chef d'état-major, ''garantissait pour sa part la loyauté de l'armée aux institutions et aux autorités du pays''. Le lendemain le Vice-président de la Cour Constitutionnelle quittait le pays pour ne pas avoir à valider «une décision imposée» et «carrément à côté de la loi» alors que cette même Cour était sur le point de valider la candidature de Nkurunziza. D'où la crainte de l'existence d'une ''fracture ethnique sous-jacente'', selon le Figaro.

Tous au chevet du Burundi.

''le Balai citoyen soutient la contestation au Burundi'', rapporte cndd-burundi.com, relayant un article de RFI qui rapporte le soutien du mouvement des jeunes Burkinabe pour qui '' En Afrique, plus aucun pays ne doit tolérer la non-alternance et l'installation d'un seul individu au pouvoir rassemblant tous les intérêts pour son seul clan. Ça ne doit plus exister en Afrique''. ''Le ''Balai citoyen'' manifeste à Ouagadougou contre un 3e mandat pour Nkurunziza'' indique aussi APA sur le même sujet. Xinhua indique que même '' Les avocats africains demandent une intervention énergique'' au Burundi. Le PALU, une Association des avocats panafricains, une organisation regroupant les avocats au niveau de tout le continent africain, affirme qu'il est très regrettable de voir que l'UA et l'EAC se contentent de publier des déclarations depuis leur siège respectif à Addis Abeba et Arusha. L'association constate qu'au moins un des juges de la Cour Constitutionnelle du Burundi a fui le pays, et que " le 5 mai 2015, la même Cour Constitutionnelle a rendu une décision légalisant la candidature de P. Nkurunziza . ''Dans de telles circonstances, il est difficile d'accepter la légitimité ou la crédibilité de toute décision de ce tribunal", a indiqué le président de l'association, Elijah Banda.

La RTBF a prêté le micro à Sabine Kakunga chargée de l'Afrique centrale au CNCD belge et pour qui '' Et on peut encore attendre que le président Nkurunziza se ressaisisse et qu'il puisse poser un geste d'apaisement'', ou encore commentant sur la fuite du vice-président de la Cour Constitutionnelle : « Il n'est pas le seul. Lui, je dirais même, de manière ironique et paradoxale, qu'il a eu la chance de fuir, mais il y en a qui n'auront pas la chance de fuir... On peut dire que le vice-président de la Cour Constitutionnelle a fui la pression, parce que tout le monde sait que les Burundais disent qu'ils ne font pas confiance à cette Cour Constitutionnelle. Ils savent très bien ce qui va sortir vraiment de ces [discussions] en dernière minute. Alors, comme tous ceux qui osent dire la voix contraire, il est sous pression et c'est pourquoi il a fui." Et c'est tout dire. ''L'afrique de l'Est au secours du Burundi'', a surtitré Arib.info un article de BBC Afrique relayant l'initiative des ministres est-africains des affaires étrangères, tout comme AFP qui indique qu'une délégation est-africaine à Bujumbura pour aider à résoudre la crise'', alors que RFI indique soulagée que ''ONU et CEEAC tentent des médiations dans un contexte tendu'' s'engageant dans des manœuvres diplomatiques pour tenter d'éteindre l'incendie à Bujumbura. Même ''Le président burundais (est) invité à participer à un sommet d'urgence de l'EAC, s'écrie Xinhua.

Quand la guerre change de camp !

Elles ont continué et promettent de se poursuivre malgré la détermination du pouvoir à garder les oreilles bouchées et qui seront certainement sensibles une fois grillées. Ils n'ont entendu ni la '' Déclaration locale de l'Union européenne, de la Suisse et des Etats Unis d'Amérique'' ni celle de l'UA, ils ont répondu par une pluie de grenades sur des manifestants à Nyakabiga et ailleurs d'où l'inquiétude de Rfi qui s'inquiète de '' mystérieuses attaques à la grenade à Bujumbura'' alors que Mpore, vidéo à l'appui confirme : '' Les policiers tirent sur les manifestants à Nyakabiga''. Mais plus surprenant encore : ''arrestation surréaliste d'un opposant devant diplomates et caméras'' , indique AFP citant le cas de Ndabitoreye Audifax arrêté en direct d'un grand hôtel de Bujumbura. La Libre Belgique constate que malgré les excès du pouvoir '' Au Burundi, les protestations gagnent les collines'' Afp constate même que la peur change de plus en plus de camps avec ces ''Scènes de chasse aux Imbonerakure dans un quartier de Bujumbura'', alors que dans la même logique RFI indique que ''Le Burundi dans la spirale de la vengeance''. Burundi Transparence révèle en tout cas Adolphe Nshimirimana est très déçu par ses miliciens imbonerakure ! du moins après leurs prestations qui se sont révélées nulles face aux populations déterminées. D'où alors s'est-il dit tout haut :'' " j'ai commis une erreur grave de donner des armes aux imbonerakure pour défendre le troisième mandat. Si je l'avais su avant, j'aurais armé les jeunes de Musaga, Kanyosha, Cibitoke et Mutakura. Ils sont très engagés, disciplinés et audacieux. Finalement, il faut actionner le plan B. On n'est plus en mesure d'imposer par la force, le troisième mandat". Les propos nous viennent de Burundi Transparence.

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