Mais, en dernier ressort, tout coule, tout change et on ne se baigne pas deux fois dans une même rivière, apprend-on des premiers philosophes. NKURUNZIZA vient de créer un désordre stratégique au sein de ses « bras droits ». A qui un remaniement des supers et intouchables généraux profite-t-il ? C'est une affaire peto-peterienne.
Il est vrai que tout homme politique sait qu'il lui est impossible de dire tout, à tout moment, et de dire ou faire les choses exactement comme il le souhaite. Mais quel est l'agenda caché derrière un tel bouleversement ? Les habitants de Bujumbura, de l'innocent au plus rusé, s'interrogent. Une veille femme, chapelet à la main, murmure : « Huum, ababikira barahuma ! ». Ce qui peut se traduire : « Le meurtre des sœurs ne restera pas impuni!». D'autres estiment que les sorciers n'ont plus de valeur, car ils ont toujours protégé ces généraux. Le risque est de voir certains d'entre eux finir par craquer.
A mots ouverts, Peter Nkurunziza devait jouer de stratégies discursives pour ne pas perdre de sa crédibilité. Un jeu risquant comme le boxe. Des sources concordantes affirment qu'Adolphe résiste. En témoignent les conseils lui prodigués par son ancien ami Manassé en exil au KENYA. BUNYONI a vite quitté le pays : fuite ou voyage simple, qui sait ? Quoi qu'il fasse, Peter joue perdant, car il a pris le maillon tardivement,. Il s'est contenté du football alors qu'il existe plusieurs jeux.
Des gens non avisés commencent à penser à un changement positif. C'est tout à fait l'inverse. NKURUNZIZA a compris Machiavel : l'homme politique n'a pas à dire le vrai, mais à paraître dire le vrai. Le Prince doit être un « grand simulateur et dissimulateur » et certaines questions doivent être soustraites à la connaissance du peuple, qui « sent bien plus qu'il raisonne » comme le prônait Alexis de Tocqueville. Il ne fait que créer un flou qui consiste à faire des déclarations suffisamment générales, alambiquées et parfois ambiguës pour qu'il soit difficile de le prendre en défaut, de lui reprocher d'avoir menti sciemment.
Les vingt décrets signés hâtivement dont l'éviction des trois tourbillonnaires : les Généraux Adolphe NSHIMIRIMANA, Alain Guillaume BUNYONI et NDAYISHIMIYE Evariste ne changeront rien, car le système reste en place. Rares sont ceux qui vont regretter le trio. Le premier est connu et haï de tous, y compris ceux du service de la morgue. Le second, avec ses incomblables châteaux, perchés dans les quartiers les plus huppés de la capitale, craint les policiers, dont il a dévalisé les frais de démobilisation. Le troisième est jumeau du premier dans la course des jupons.
Une chose échappe aux puissants de Bujumbura : Le Dieu que les burundais adorent est un Dieu jaloux, qui punit d'autres divinités.