Les gens se moquaient en disant que l'école fondamentale est « fyonda mental » (tuer le mental des enfants) pour dénoncer la précipitation qui a caractérisée la mise en place de cette réforme. Le gouvernement a fait la sourde oreille. Voilà que les premières conséquences se font déjà sentir. « L'école fondamentale, sans les cours d'entreprenariat et l'art, n'existe pas. C'est tout simplement un leurre », affirme révolter Eulalie Nibizi, présidente du syndicat STEB.
Selon elle, ce sont les deux cours qui permettent d'intégrer facilement les jeunes dans la vie active en les initiant à faire des projets à court ou à long terme lorsqu'ils ne continuent pas leurs études supérieures. En outre, ces cours n'ont pas été dispensés car les enseignants n'avaient pas de matériel servant à faire des démonstrations et des travaux pratiques pour montrer aux apprenants comment monter et démonter certains objets du milieu de l'enfant. En plus, la difficulté de dispenser ces cours a aussi été favorisée par le manque de manuels didactiques. « Le ministère a clamé haut et fort que les livres pour l'école fondamentale sont suffisants. Mais il s'est avéré que lors de la distribution, il n'a pas pu couvrir toutes les écoles. »
« Le risque est probable pour avoir le même problème cette année scolaire »
Pour remédier à cette situation, le ministère de l'Enseignement de base et secondaire, à la fin de l'année scolaire, a envoyé une circulaire aux directeurs des établissements scolaires pour demander de ne pas tenir compte de ces cours lors des délibérations. Pour Mme Nibizi, c'est une solution qui n'en est pas une. « On n'a pas encore spécifié comment on devra rattraper ce retard, une fois les élèves admis en 8ème année. Le risque est probable pour se heurter au même problème, cette année scolaire, car elle commence sans avoir aucune assurance de la part du ministère de tutelle. » Ce dernier, à travers son porte-parole, indique que la question est en train d'être analysée.
La syndicaliste pense que si rien n'est fait, à la fin du cursus de l'école fondamentale, une masse de jeunes, y compris ceux qui ont échoué la 7ème et la 8ème, retourneront sur leurs collines natales sans aucune compétence ni bagage intellectuel suffisant pour s'assurer un avenir meilleur.
Source:http://www.iwacu-burundi.org/ecole-fondamentale-le-fyonda-mental-devenu-realite/
