L'équation n'est pas facile, en lisant l'étude réalisée par Boaz Nimpe , expert en finances publiques et consultant pour le compte de l'Observatoire de l'action gouvernementale (OAG). Le budget 2014 a été calculé sur des hypothèses optimistes, une croissance du PIB de 5,4 % et un taux d'inflation de 8 % (contre respectivement 4,8 % et 9 % en 2013). De quoi financer les 1.411 milliards de dépenses de l'État (1.442,6 milliards dans le Budget révisé), contre 1.341 milliards prévus comme ressources.
Sur ces derniers, 659 milliards viennent des ressources internes, ce qui porte à 50,8 % la part des dons dans le Budget. Les taux de réalisation des projections des récoltes fiscales permettent d'espérer que cette somme sera obtenue par l'OBR : en 2013, l'Office recouvrait 563,3 milliards, soit 102,8 % de la somme prévue.
Reste l'inconnue liée aux dons : sur les 681,79 milliards Fbu prévus, 100,7 milliards sont sous forme d'appuis budgétaires. Or, à part les 6,543 milliards de la France débloqués sur le deuxième trimestre, le reste est annoncé pour les 3ème et 4ème trimestres (Union Européenne pour 30,53 milliards de Fbu, Banque Mondiale pour 40,77 milliards et Banque Africaine de Développement avec 22,89 milliards). Les montants seront-ils obtenus à temps, alors que des thèmes liés aux fameuses « conditionnalités » sont au menu des discours diplomatiques actuels (libertés publiques, indépendance de la magistrature, gouvernance, etc) ? Un point d'interrogation de taille dans le budget.
La délicate question de l'épargne
C'est en structant les indicateurs macroéconomiques des pays de la Communauté de l'Afrique de l'Est que l'on comprend à quel point l'économie burundaise souffre. Un point, notamment : l'épargne. Le Burundi épargne très peu (2,4 %), très loin derrière le Rwanda (11,7 %), le Kenya (11,8 %), l'Ouganda (15,3 %) et la Tanzanie (21,8 %).
D'autant plus que, souligne Boaz Nimpe, même ce qui est dépensé l'est pour payer notamment les salaires (322 milliards de Fbu), les biens et services (plus de 700 milliards), les subsides et subventions (130,7 milliards), les exonérations (18 milliards), etc. Les contributions à sept1 organismes internationaux (13 milliards de Fbu) sont particulièrement soulignées dans cette étude de l'OAG, qui rappelle que 9,6 milliards de Fbu sont uniquement alloués par le Burundi à son intégration dans l'EAC. Or « sans économies budgétaires pour dégager l'épargne, l'État ne peut pas réellement investir. C'est ce carburant qui manque à l'économie burundaise à travers pratiquement tous les budgets votés les vingt dernières années. »
De quoi alimenter de plus belle le débat sur la réduction des dépenses de l'État. Pour financer le déficit budgétaire, le gouvernement compte procéder à la hausse des impôts sur presque tous les produits vendables. Notamment le sucre, les produits Brarudi et Burundi Brewery Compagny, les farines, les huiles et cigarettes produites localement, les tissus, le carburant, l'abattage des vaches, le café, etc.
Source: http://www.iwacu-burundi.org/budget-2014-ou-trouver-largent/