Le pouvoir semble-t-il, corrompt, mais pas seulement, il rend aussi fou, sourd et aveugle.
De nombreux honnêtes burundais et des amis étrangers tirent tous sur la sonnette d'alarme : le pays va mal, très mal. Des « prophètes », à qui naguère l'on déroulait le tapis rouge au palais ne seraient plus les bienvenus. Leurs prédictions ne plaisent plus, ne font plus rêver, ne glorifient plus, mais demandent aux princes de revenir à plus de sagesse et à avoir un peu plus d'empathie pour un peuple meurtri par la faim, la misère, l'insécurité,....
Pour nos princes, la solution est toute simple : « tera ayo masema », en d'autres termes, chasser ces oiseaux de mauvais augure.
Un expatrié fut-il diplomate ose faire un clin d'œil à nos noblaillons modernes, il n'aura que quelques heures pour faires les valises et oust !
Des adolescents ont osé piocher sur un site web un document qui appelle à faire preuve de sagesse au patron du régime, quelle grave crime de lèse-majesté. Ils passeront leurs vacances en taule, où les gardes-chiourmes leur inculqueront le « patriotisme ».
Un notable parmi les notables, connu pour sa lutte pour la dignité des plus faibles sans aucun distinguo est embastillé à Musaga-Mpimba, et vous excuserez de ne pas citer son nom c'est par peur de l'y rejoindre ! Son crime : il a osé « menacer la paix » de nos noblaillons, en dénonçant la distribution des armes et l'entraînement militaire dispensé à des mercenaires-aigles.
Un militant qui demande tout simplement que ces « hommes d'en-haut », qui érigent villas et immeubles, roulent dans des Hummer rutilants neufs, entretiennent de nombreuses maîtresses qu'ont-ils fait pour en arriver là, voit son domicile encerclé par une armada de flics puis est conduit devant Ponce Pilate. Quel pays ! Pourtant, s'ils nous expliquaient leur génie, nous les « burundais d'en bas » pourrions nous en inspirer, non pas pour égaler les maîtres, mais juste pour pouvoir manger deux fois par jour ! Non, ils ne veulent pas partager leur « grand savoir ». Et dire, qu'ils sont chrétiens, et pourtant certains sont même des pasteurs dit-on !!
En fait, il faut bien les comprendre ces « gens d'en-haut », ils ne voient nulle part la misère ; les coupures quotidiennes de courant, ils n'en savent rien ; la famine, le chômage, la distribution des armes à « certains » civils avec leur corollaires d'insécurité et de menace contre la paix, ce sont des vues d'esprits de ceux qui en parlent !
Alors, la solution est toute trouvée : faire taire tous ces trouble-fêtes, et le tour est joué. Ainsi, pour Nkurunziza et le CNDD-FDD, il suffit de casser le thermomètre et la fièvre est jugulée !!
Ce sont des génies ces princes qui nous gouvernent !
