vendredi, 11 avril 2014 06:54 Écrit par  Frantz Buntu

L’armement de la milice Imbonerakure: pourquoi une dénonciation si tardive?

Des informations insistantes font état de l'armement des miliciens Imbonerakure du parti CNDD-FDD au pouvoir. L'information a d'abord fait l'objet d'un démenti du Président Nkurunziza à l'issue de son tête à tête avec l'ambassadrice étasunienne aux Nations Unies. Puis les médias se sont engouffrés dans la brèche, et un document confidentiel des NU sur ce sujet a été publié sur plusieurs sites burundais.

Pourtant, la distribution des armes a été dénoncée à plusieurs reprises par l'opposition et par les organisations de défense des droits de l'homme depuis plusieurs années. En avril 2009, dans un article intitulé « Une milice menace l'espoir de paix du peuple burundais »1 j'exhortai la Communauté Internationale à mettre fin à son silence complice face à la menace de la paix que constituait la milice Imbonerakure. Bien avant en 2007, à l'occasion d'une conférence de presse à Bruxelles, Madame Alice Nzomukunda, ancienne deuxième vice-présidente du président Nkurunziza dénonçait l'existence d'une milice armée constituée de 30.000 hommes tous militants du parti CNDD-FDD au pouvoir.

Pourquoi cette dénonciation actuelle ?

Il n'est jamais trop tard pour faire du bien, et le début de levée de bouclier contre les agissements du régime Nkurunziza et en l'occurrence la militarisation de la milice de son parti, pourrait épargner au Burundi, à l'Afrique et à l'Humanité une nouvelle hécatombe.

A la veille des élections de 2010, Nkurunziza et les siens doutaient certes de leur capacité de gagner les élections. Mais ils avaient encore les faveurs d'une frange importante de la population burundaise, des puissances occidentales et locales, et faisaient face à une opposition très divisée.

Aujourd'hui, la donne a radicalement changé :

  1. Depuis le tripatouillage électoral de 2010, l'opposition est restée unie malgré de nombreuses manœuvres pour provoquer la scission, des intimidations et même des agressions. La coalition ADC-Ikibiri a tenu bon, et est actuellement connue de la population malgré les assauts répressifs dont elle est victime.
    Ce qui a aggravé la situation, les manœuvres du CNDD-FDD, ont poussé l'essentiel des troupes de son ex allié l'UPRONA à rejoindre l'opposition, même s'il reste à l'écart de l'ADC-Ikibiri.
  2. La fin du deuxième et dernier mandat constitutionnel du président actuel, rend Nkurunziza et le groupe des généraux autour de lui extrêmement furieux. Et le dernier camouflet qu'a constitué le rejet d'une révision constitutionnelle par l'Assemblée Nationale, révision qui lui aurait permis de se représenter ad vitam aeternam, les a poussés dans leurs derniers retranchements. Ils sont devenus comme des fauves blessés !
  3. Après deux mandats, la population a constaté que ceux qu'elle avait logés, nourris, cachés parfois au péril de sa vie pendant les années de maquis se sont outrageusement enrichis pendant que la misère tuait un à un leurs enfants. La mayonnaise de l'ethnisme ne semble plus prendre. Les Burundais savent en grande majorité que le problème ethnique sert à diviser le peuple afin de permettre à quelques politiciens de continuer de siphonner les richesses du pays au seul profit d'une oligarchie au pouvoir.
  4. Quant à la Communauté Internationale, elle semble désabusée face à la médiocrité et à la violence du pouvoir. Elle a toléré, encouragé, conseillé mais en face, elle n'a trouvé qu'un groupe de mafieux, rompu à l'art de louvoiement, avide de pouvoir et de richesses et ne présentant aucune empathie à l'égard de sa population. Les dirigeants occidentaux sont désormais mal à l'aise face à leur opinion publique, devant un régime qui désormais est décidée de jeter aux orties les paillettes démocratiques dont il ornait sa dictature.

Mais, Nkurunziza et les siens ne sont pas encore finis, ils ont encore les rênes du pouvoir, ils ont montré par le passé leurs qualités de manœuvriers. Et il faudra surtout veiller à ce que dans leur chute, ils n'emportent pas d'autres nombreuses vies humaines.

Pour cela, le début de dénonciation de leurs néfastes actions par la Communauté Internationale est une bonne chose, mais ne suffira guère pour éviter à la population burundaise une autre tragédie. Elle doit aller plus loin, exiger à Nkurunziza d'ouvrir un dialogue avec l'opposition politique avant l'organisation des élections de 2015, afin de ramener un climat serein et mettre en place de conditions des élections démocratiques, libres et honnêtes. Car il est évident qu'aucune élection crédible ne peut être envisagée, aussi longtemps que la milice Imbonerakure dictera sa loi avec le gourdin, la machette et le fusil.

Quant à l'opposition, elle doit persévérer dans l'unité, penser d'abord à la patrie avant le parti. Sinon, le Burundi continuera à s'enfoncer vers le néant et devant l'Histoire, la responsabilité sera partagée.

 

Note:

  1. Lire l'article complet plus-bas.

 

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