Les causes tangibles de ce mouvement de grève trouvent leurs origines dans la baisse inexpliquée de leurs maigres revenus. Cela fait trois mois qu'ils ne perçoivent qu'à peine 1/10 de leur salaire nominale.
Selon Alexandre NSABIMANA, représentant du personnel à la clinique Prince Louis Rwagasore que nous avons approché, tout le personnel s'est lourdement endetté auprès des différentes banques de Bujumbura sans malheureusement pouvoir assurer la satisfaction de leurs besoins fondamentaux, compte tenu de l'aggravation de l'inflation dans le pays et donc de la chute des salaires réels. De ce fait, chaque salarié doit rembourser par mois une fraction importante de son salaire comprise entre 60 et 80% du salaire nominal. Par conséquent, pour subvenir à ses besoins, le salarié ne peut même pas retirer de la banque cette fraction dérisoire de son salaire comprise entre 20 et 40%.
Alexandre NSABIMANA nous a expliqué longuement les raisons majeures pour lesquelles les salariés de cet hôpital ne peuvent plus percevoir cette somme modique. Une fraction importante est prélevée sur les salaires et affectée sur les comptes des cotisations sociales notamment de l'Institut Nationale de Sécurité Sociale, INSS en sigle et du fond de pension. Les banques aussi retiennent leurs intérêts sur les prêts octroyés aux travailleurs, ces intérêts sont aujourd'hui exorbitants , les taux d'intérêt dépassent parfois 20% dans certaines institutions bancaires.
Le représentant du personnel de la Clinique Prince Louis Rwagasore a dit que dans l'immédiat, le personnel réclame que tous les prélèvements sur les salaires du personnel destinés à l'INSS et le fond de pension soient suspendus : « Actuellement, nous ne touchons que des soldes, dans ces conditions très précaires, il nous est pratiquement impossible de retourner au travail, nous n'en pouvons plus, nous sommes épuisés. Nous demandons que les 90% des salaires des trois mois écoulés pour chacun de nous soient versés sur nos comptes », a poursuivi Alexandre NSABIMANA.
Faisant état des lieux des revendications des travailleurs, Alexandre NSABIMANA reconnaît que c'est dans l'avant midi de ce mercredi 19 mars 2014 au troisième jour du déclenchement de la grève qu'une délégation du Ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida, s'est entretenue avec la représentation du personnel sur cette la question. A l'issu de cette rencontre, Alexandre NSABIMANA a dit qu'il allait avec ses collègues de la représentation des travailleurs procéder à une évaluation de leur entretien avec la délégation du gouvernement : «Nous nous sommes entretenus avec la délégation du Ministère de la Santé Public et de la Lutte contre le SIDA. Il reste à voir si leurs promesses seront tenues», a dit le représentant du personnel de l'Hôpital Clinique Prince Louis Rwagasore, il est resté discret sur la teneur des résultats de leurs discussions avec la délégation gouvernementale.
Pour rappel, L'hôpital Clinique prince Louis Rwagasore a ouvert ses portes en 1946. A l'époque de sa création, seuls les blancs pouvaient s'y faire soigner. Après l'indépendance du Burundi, cet hôpital est devenu public. Actuellement, il dispose d'une capacité d'accueil estimée à 150 personnes pour hospitalisation et une moyenne de 200 personnes par jour y reçoivent des soins de santé.
