mardi, 21 octobre 2014 07:27 Écrit par  Le CNDD

MESSAGE De LEONARD NYANGOMA, PRESIDENT DU CNDD, LORS DE LA COMMEMORATION DU 21ème ANNIVERSAIRE DE L'ASSASSINAT DU PRESIDENT NDADAYE MELCHIOR.

Chers compatriotes,


Il y a une semaine, nous commémorions le 53ème anniversaire de l'assassinat du prince Louis Rwagasore, notre héros de l'indépendance du Burundi. Ce 21 octobre 2014, nous nous retrouvons cette fois-ci pour commémorer le 21ème anniversaire de l'assassinat du héros de la démocratie au Burundi, le Président Ndadaye Melchior. On dirait que ce mois d'octobre est un mois de malédiction pour notre pays et l'Afrique, car hélas, un autre leader africain progressiste, le président Thomas Sankara, fut aussi assassiné le 15 octobre 1987. Mais cela n'est rien, tous les mois de l'année, le monde a perdu des héros de la trempe de Ndadaye Melchior. Souvenons-nous de l'assassinat atroce de Salvador Allende président du Chili le 11 septembre 1973 ou de Patrice Lumumba le 17 janvier 1961.

Une longue guerre civile au Burundi qui a influé négativement sur le processus de paix au Rwanda.

Le 21 octobre 1993, après seulement trois mois d'accession au pouvoir, vers deux heures du matin, une horde de militaires aux ordres de l'oligarchie qui avait dirigé le pays depuis l'indépendance, a procédé à l'arrestation du président Ndadaye Melchior de son palais, ils l'ont longuement torturé avant de le tuer sauvagement dans un camp militaire qui était supposé le protéger. C'est une honte pour la justice burundaise qui n'a jamais voulu arrêter les commanditaires de ce crime crapuleux qui a entraîné le pays dans une longue guerre civile, et qui a négativement influé sur le processus de paix au Rwanda. Et pourtant, pour connaitre qui a tué Ndadaye, il suffirait de chercher du côté de ceux qui se sont réjouis et qui avaient intérêt à ce que Ndadaye soit tué. Y aurait-il une ou des mains invisibles?
Une fraction de la classe dirigeante depuis l'indépendance qui contrôlait encore l'essentiel des instruments du pouvoir, l'armée, la police et l'appareil judiciaire ne pouvait pas accepter de perdre ses intérêts mal acquis « par une simple victoire des urnes ». La victoire écrasante de Ndadaye le 1er juin 1993 a été ressentie par l'oligarchie comme une victoire du peuple, des masses laborieuses, des valeurs comme la démocratie, le travail et l'équité. Véritable révolution citoyenne, elle était inacceptable pour cette oligarchie. Certains membres de cette oligarchie avaient manifestement refusé de reconnaître ce verdict populaire.

Les dictatures s'inscrivent rarement dans un processus de changement pacifique du pouvoir.

Je peux témoigner comme ancien compagnon de lutte de Ndadaye Melchior depuis la clandestinité : une année avant les élections, il m'avait dit que l'oligarchie acceptera difficilement de renoncer à ses privilèges uniquement par de simples élections, et c'est le propre de presque toutes les dictatures, elles s'inscrivent rarement dans un processus de changement pacifique du pouvoir. Mais nous n'avions plus de choix, nous ne pouvions plus faire marche arrière, car le peuple derrière nous, nous demandait d'aller de l'avant, et nous-mêmes nous avions fait nôtre cette noble mission de libération du peuple. L'oligarchie, étant sûre de gagner les élections, a rejeté une proposition du Frodebu, le parti de Ndadaye, dont l'objectif était d'amortir le choc de la victoire devenue inéluctable. Dans son mémorandum du quinze janvier 1991, il proposait la tenue d'une conférence nationale de laquelle sortiraient des institutions de transition de trois ans, une période nécessaire pour s'habituer à l'exercice de la tolérance de l'autre même si vous êtes différents.

Assassiner un chef d'Etat charismatique comme Ndadaye, était ressenti comme une véritable gifle par le peuple.

Ndadaye était donc un homme de grande culture politique, maitrisant et maniant facilement la dialectique, un homme d'action révolutionnaire. Rebelle, il savait écouter et comprenait les préoccupations de ses camarades de lutte. Il savait aussi contester et cela lui a valu un emprisonnement de trois mois après les événements sanglants de Ntega-Marangara. Il rêvait de la construction d'un Burundi nouveau, un Burundi reposant sur une démocratie libératrice des énergies pour donner du travail à tout le monde dans l'équité. En même temps, Ndadaye savait que la révolution n'était pas une œuvre d'une seule personne, il adorait le travail collégial, il considérait que toutes les transformations sociales nécessaires pour l'avènement d'un Burundi nouveau seront l'œuvre de la participation de tout le peuple Burundais. Dès lors, assassiner le premier chef d'Etat burundais charismatique comme Ndadaye, et de surcroît désigné démocratiquement depuis que le Burundi existe comme nation, était ressenti comme une véritable gifle par le peuple. C'était aussi l'échec de la non-violence face aux forces réactionnaires putschistes tenant absolument à conserver leurs privilèges. Le peuple n'avait pas d'autre choix que la résistance pour sauvegarder l'héritage démocratique de Ndadaye. C'est grâce à cette résistance populaire, qui a duré plus d'une décennie, que des pourparlers de paix ont pu avoir lieu, suivies des accords de paix entre les protagonistes. Cette résistance a connu des hauts et des bas. A certains égards, elle a été récupérée par certaines forces militaristes, ce sont celles qui nous gouvernent aujourd'hui. Mais tout le monde sait et voit que plus rien ne sera comme avant, le peuple s'est approprié l'héritage démocratique de Ndadaye. Le peuple Burundais a fait un pas en avant sur la voie de la démocratie et de la cohabitation pacifique sans méfiance fondée sur les ethnies, les régions, ou d'autres considérations futiles et rétrogrades. Cette lutte a mis fin à un problème énorme qui avait endeuillé le Burundi, la conscience ethnique, considérée à l'époque comme une sorte de barrière infranchissable entre les deux principales ethnies ou catégories sociales. Pour avoir goûté aux bienfaits de la démocratie et de la liberté, le peuple rejette toutes les attitudes rétrogrades, il use de la liberté d'expression qu'il a arrachée parfois au prix du sacrifice ultime et de la sueur, et dénonce sans ambages et sans crainte tous les crimes humains et économiques, commis surtout par le pouvoir d'Etat. C'est cela qui nous motive depuis le début de la lutte pour la démocratie, sous la conduite de notre Regretté Président Melchior Ndadaye, dans les années 1986, puis depuis son assassinat, et c'est pourquoi nous commémorons le 21ème anniversaire de son assassinat.

Ndadaye Melchior reste le symbole et le héros de la démocratie. Il a allumé en nous une flamme révolutionnaire et éternelle.

Pour les générations d'aujourd'hui et de demain, toutes les forces vives de la nation, nous ne devons pas perdre de vue un seul instant que le combat que Ndadaye a mené pour la démocratie est inachevé, tout comme le combat de Rwagasore pour l'indépendance, mais il nous a permis d'atteindre une étape irréversible et historique dans ce processus révolutionnaire, nous devons résister pour franchir d'autres étapes, surtout que face à nous, nous avons un pouvoir des plus obscurantistes et dictatoriaux, avec presque les mêmes réflexes que les régimes d'antan. La lutte doit continuer pour l'émancipation totale de notre peuple, pour asseoir une véritable démocratie dans toutes ses dimensions formelles, économiques, sociales et culturelles.
Retenons tout simplement que, par son courage révolutionnaire, son charisme hors du commun et sa mort tragique, Ndadaye Melchior reste le symbole et le héros de la démocratie au Burundi, et, pourquoi pas, dans toute l'Afrique. Il a allumé en nous une flamme révolutionnaire et éternelle.
Vive la démocratie, La lutta continua
Pour le comité exécutif du CNDD
Léonard Nyangoma
Président

Les dernières actus


Déclarations
Mupfasoni Ntibwirizwa Bernadette umutambukanyi w’umuhisi Ndarubagiye Leonce, muryango usigwa na Leonce Ndarubagiye Ncuti, Bagenzi, Bavandimwe ...
En savoir plus
Déclarations
Le président du parti CNDD, l’Honorable Léonard NYANGOMA a une profonde affliction d’annoncer le décès du Secrétaire Général de ...
En savoir plus
Déclarations
Bagumyabanga ba CNDDBagumyabuntu ba FFDNamwe Ntebutsi za JPDBarundi,Barundikazi,Bagenzi mwese, ncuti za CNDD, 1. Munkundire ntangure kubaramutsa ...
En savoir plus
Actualités internationales
En tant que mouvement transnational regroupant des organisations africaines et afro-descendantes de la Diaspora et de l’ensemble du continent, ...
En savoir plus
Actualités internationales
DYNAMIQUE UNITAIRE PANAFRICAINEcontact@dup-international.org communiqué de presse Depuis le renversement du pouvoir de Mohamed BAZOUM au Niger par ...
En savoir plus
Prev Next