Les faits ne tarderont pas à leur donner raison, puisque juste quelques mois après, en novembre 1991 de nouveaux massacres ethniques ont lieu. Après quelques escarmouches avec des éléments supposés être du Palipehutu visiblement manipulés, des centaines de cadres et commerçants hutus sont exécutés sans aucun procès.
L'assassinat du premier président démocratiquement élu du pays le 21 octobre 1993, son Excellence Melchior Ndadaye, la longue guerre et les nombreux massacres qui s'en sont suivis, souvent sur base ethnique, ont montré que l'Unité Nationale proclamée dans la Charte du 05 février 1991n' était encore qu'une utopie.
Le tournant des accords d'Arusha.
Les nombreuses négociations afin de mettre fin à la guerre, et les accords d'Arusha ont malgré tout permis de briser la glace et rapprocher les Hutu et les Tutsi. Mais déjà, le principal mouvement, le CNDD qui avait initié la résistance au putsch, bien qu'estampillé hutu par les médias, comprenaient parmi ses dirigeants des Tutsi. En effet, NYANGOMA Léonard avait à ses côtés des cadres politiques tutsis comme feu KADUGA Stanislas, NDARUBAGIYE Léonce, SENDEGEYA Christian entre autres.
Mais, les ennemis internes et externes du Burundi, ne cessaient de diaboliser ce mouvement comme celui « des extrémistes hutus ».
La gestion de la transition dirigée alternativement par Buyoya Pierre d'ethnie Tutsi, puis Ndayizeye Domitien d'ethnie hutu a commencé à montrer aux citoyens que le pouvoir se moquait de l'ethnie. La corruption, la violation des droits de l'homme, l'injustice, etc. pouvaient prospérer quelque soit l'ethnie du président au pouvoir.
La contribution involontaire du CNDD-FDD à l'unité nationale.
Le pouvoir du CNDD-FDD, est communément appelé, pouvoir Hutu ! Mais dès sa prise de pouvoir, des dizaines de militants du FNL-Palipehutu furent massacrés à Muyinga et leurs corps jetés dans la rivière. Pendant les dix ans de pouvoir de NKURUNZIZA et de son parti, de nombreux burundais en grande majorité hutu opposants, défenseurs des droits de l'homme, journalistes sont persécutés, torturés, embastillés ou tués. Tous ceux qui osent dénoncer le « gangstérisme » de l'Etat, le déni de démocratie ou la violation des Droits Humains sont des candidats dans le meilleur des cas à la prison, sinon à la mort quelque soit leur ethnie ou leur région d'origine. Par contre, ceux qui acceptent d'être des thuriféraires du pouvoir, sont récompensés en accédant aux prébendes du régime.
De même, la misère, la faim, le chômage et la maladie frappent indifféremment les burundais toutes les ethnies confondues. Les anciens oligarques de l'UPRONA et les néo-oligarques du CNDD-FDD ont tissé des alliances afin de mieux pressurer le peuple.
Dans ce contexte, le peuple burundais a compris, qu'on l'avait divisé pendant longtemps pour mieux l'exploiter. L'on note avec joie, que des hutus et des tutsis se mettent ensemble pour défendre le respect de la Constitution et des Accords d'Arusha, pour réclamer la libération des prisonniers d'opinion, pour lutter en faveur de la protection de l'environnement, et pour d'autres nombreuses causes nobles. Ce qui n'était en 1991qu' un leurre, apparaît actuellement comme une réalité.
De gauche à droite : Nshimirimana Vital, Nkurunziza Justine et Mbonimpa Pierre Claver.
Il faut rester vigilant.
Mais la lutte contre les idées rétrogrades d'ethnisme ou de régionalisme n'est pas terminée. Ces monstres sont chez certains seulement endormis dans leur subconscient. D'ailleurs, à l'approche des échéances électorales l'on entend, surtout dans la bouche des dirigeants du CNDD-FDD des propos d'un autre âge. Ils essaient de jouer sur l'émotion, se faire passer pour des protecteurs des hutus afin de s'attirer les voix de ce nombreux électorat. Certains observateurs ont décelé dans le discours de Nkurunziza à l'occasion du 24ème anniversaire de la Charte de l'Unité, des propos malencontreux et tendancieux de nature à crédibiliser la thèse selon laquelle, seuls les tutsis peupleraient les organisations de la Société Civile et s'opposent à son 3ème mandat. Qu'il arrête ce jeu là ! Ce ne sont ni les tutsis ni les hutus qui lui demandent de ne pas se représenter, mais la Constitution et les Accords d'Arusha. Il a juré « sur la Bible »1, de les respecter, c'est le moment de montrer qu'il est un véritable « MUGABO », un Homme digne, qui respecte non seulement sa parole, mais aussi respecte la Nation et Dieu. Peut être c'est à ce prix, à ce prix seulement que le peuple pourrait fermer les yeux sur ses violations antérieures de la loi fondamentale.
- http://shombo.centerblog.net « Moi, NKURUNZIZA Pierre, honoré par le mouvement CNDD-FDD, pour le représenter dans les institutions, je jure devant Dieu le tout puissant, tous les Bagumyabanga ici réunis, de rester fidèle à l'idéologie du mouvement et de demeurer attentif en parole et en action pour le bien être de mes compagnons de lutte et à l'intérêt supérieur de tous les burundais. Je m'engage à adopter une attitude qui honore le mouvement et le peuple burundais. J'ACCEPTE LA MALEDICTION DE DIEU LE TOUT PUISSANT en cas de la TRANSGRESSION du présent testament »
