lundi, 15 décembre 2014 10:47 Écrit par  MASHIGA MaxWell

La démocratie a besoin des démocrates (suite 3)

1. Nkurunziza un chef qui s'est trompé d'époque.

Nkurunziza est le premier président hutu qui a eu la chance de gérer le pays en ayant le contrôle de tous les principaux leviers du pouvoir, à savoir, le gouvernement et donc l'administration, le parlement, le système judiciaire et surtout... l'armée, la police et la sureté. Le président Ndadaye avait le peuple et à peine le gouvernement mais ne contrôlait pas grand-chose pour le reste. Les autres régimes dits tutsi qui l'ont précédé se prévalaient de la force armée et non de la légitimité du peuple. Les présidents NTARYAMIRA, NTIBANTUNGANYA et NDAYIZEYE vivaient sous l'épée de Damoclès sur un équilibre branlant. Tout ceci a été obtenu suite à une longue lutte sans répit menée par les ainés de Nkurunziza depuis les années 80 pour la promotion de la démocratie, les droits fondamentaux de l'homme et des valeurs universelles, du respect de la vie et de la dignité.

Avec tous les instruments politiques à sa disposition, Nkurunziza avait tous les leviers du pouvoir pour se concentrer sur le développement du pays et panser les plaies des victimes de toute la tragédie burundaise. Malheureusement et à l'étonnement de tout le monde il active tous ces piliers de l'Etat pour l'élimination de ses opposants du petit militant d'un parti au haut responsable, une élimination aux allures génocidaires et de crimes contre l'humanité c'est-à-dire dans l'objectif ultime d'enterrer définitivement toute voix discordante.

Comme si la machine légale ne suffisait pas, Nkurunziza forme et entretient une milice IMBONERAKURE qui quadrille aujourd'hui tout le pays avec des missions précises de casser tout ce qui n'appartient pas à son obédience avec un tel zèle que même les forces de défense et de sécurité sont quelques fois prises de cours. Ces milices constituent un grand maillot de l'administration et de la sécurité directe ou parallèle avec un mot d'ordre clair qu'en cas de moindre soupçon de menace envers son univers, il vaut mieux gérer les cadavres et non des procès. Des organisations indépendantes tant nationales qu'internationales de la société civile et des droits de l'homme et d'autres sources concordantes mentionnent régulièrement dans leurs rapports qu'au moins entre 500 et 700 personnes sont tuées chaque année sans parler des mutilés, des handicapés et des déprimés mentaux victimes de la terreur depuis l'accession de Nkurunziza au pouvoir en 2005. En effet avec la persistance de l'insécurité, les exécutions extra-judiciaires, les vols à mains armées...personne n'a droit au repos. Le lancement des grenades sur les résidences des députés qui s'exprimaient contre les exactions à l'Assemblée Nationale, les attaques répétées des bistrots par des inconnus démontrent suffisamment le caractère criminel de ce régime.

2. L'errance managériale.

Le régime Nkurunziza se caractérise par la destruction de l'Etat et son économie par la corruption et le pillage de ses ressources dans l'arrogance et le mépris. L'Etat burundais est devenu une concession pour l'accumulation des richesses avec un parlement comme décor et un appareil judiciaire à la mangeoire. Il est comparable à une plantation ou une mine privée avec une gestion assimilable au système de rente.

Le CNDD-FDD, parti au pouvoir, lui-même n'existe pas en tant parti parce que c'est l'Etat qui se déguise en parti politique. A l'inverse des systèmes partisans lorsqu'un parti gagne les élections, il oriente le gouvernement pour la réalisation de son programme, le CNDD-FDD est un instrument de l'Etat à l'instar de la police ou l'armée .Ce parti reçoit les ordres de l'oligarchie qui décide suivant les enjeux du jour dans le strict respect des intérêts de la clique. La preuve étant que la carrière politique n'existe pas .A la fin de la dernière législature le parlement a changé de locateurs de manière quasi-systématique en leur signifiant qu'ils ont mangé suffisamment et doivent laisser la place aux autres. Eh oui! C'est une histoire de manger. Ils sont remerciés en masse comme s'il y avait eu une révolution dans les deux chambres faisant de la qualité la première victime. Le maitre mot est le nivellement vers le bas au niveau de la distribution des postes. De toutes les façons les opposants doivent le savoir, ils ne sont pas en face du CNDD-FDD en tant que parti politique lors des compétions politiques mais en face d'un Etat violent avec toute la machine de répression à sa disposition.

3. Plusieurs dossiers de corruption et de malversations.

Le comportement consiste à gaspiller les ressources comme si c'était la dernière génération à vivre sur la planète.
En guise d'illustration, voici quelques exemples de dossiers qui ont défrayé la chronique par les burundais et les amis du Burundi: Route Rumonge, dossier télécel, fourniture de vivres pour la police et l'armée, fourniture des tenues de la police, vente de l'avion présidentiel, la gestion du charroi en général, Sosumo, cahiers de l'Ouganda, commande des passeports, armes défectueuses, prélèvement sur la ration de la police, prélèvement sur le dossier maintien de la paix, attributions des marchés dans la téléphonie, attribution du marché de nickel, déforestation de toutes les réserves et parcs nationaux pour la vente du bois, la douane de son temps, les exonérations, le vagabondage sur le compte de bonnes initiatives, les dossiers des microfinances, la vente de l'EPB, la distribution des véhicules de l'Etat, la surfacturation dans les achats, l'exploitation des gisements de minerais, les produits pétroliers...La liste ici est loin d'être exhaustive. Ceci s'appelle siphonner avec frénésie.

Ces dossiers en plus des autres de ses prédécesseurs qu'il a couverts comme le dossier Afimet, le café de Ruzizi, les avions qui n'ont jamais volé, les véhicules du ministère de l'intérieur...constituent un manque à gagner de plusieurs centaines de millions de dollars américains de quoi faire fonctionner plusieurs années l'Etat. Qui travaille à l'hôtel mange à l'hôtel pour les grands et la chèvre broute suivant la longueur de sa corde pour les subalternes nous dit-on. Avec un tel détournement, les salaires pour certains individus sont devenus comme une insulte. Ce bradage des ressources nationales et l'accumulation éhontée des sommes volées sont compris comme la soi-disant maitrise de l'économie par la nouvelle oligarchie.

Le régime Nkurunziza nage dans un déficit aigue de planification-exécution-supervision-évaluation donc dans un déficit de minimum d'effort de réflexion. Tous les domaines de la vie nationale ont plongé dans le négatif dans la mesure où l'unique souci est la destruction de peu de choses qu'ils ont trouvées sur place. Le régime fait marcher le Burundi par la marche arrière depuis son arrivée. Et pourtant, la constitution de la république du Burundi, dans ses articles 94,146 et 154 prévoit la déclaration du patrimoine des mandataires politiques à l'entrée et à la sortie de leurs mandants devant la Cours Suprême. Cette disposition attendra le retour du Jésus Christ pour son application. De plus l'article 163 alinéa 5 de la même constitution parle l'évaluation du gouvernement par le parlement périodiquement tous les six mois. Le parlement actuel, devenu quasiment une chambre d'enregistrement reste sourd-muet et aveugle en ne se donnant même pas la peine de faire semblant d'exercer ses prérogatives constitutionnelles. Au contraire la plupart des lois de la sphère politique sont votées pour être appliquées contre les opposants comme si on faisait des lois pour son troupeau de vache.

4. En fin de compte.

Le régime CNDD-FDD a compris et fait de la violence un mode de gouvernement dans toutes ses dimensions pour se maintenir par la force éternellement au pouvoir. C'est un mécanisme réducteur pour que la population soit forcée de rester dans une position de subordination et de résignation perdant ainsi sa réelle capacité et son potentiel d'élan révolutionnaire ; sans oublier des vies humaines qui sont perdues, des carrières brisées, le développement individuel et collectif totalement compromis et donc entièrement dépendant des fausses promesses et des cadeaux lors des randonnées surtout de Nkurunziza. En fin de compte, la population clochardisée est réduite à l'état de mendicité mais jusque quand ? Un regain d'espoir pointe à l'horizon, en effet , le peuple burundais réalise de plus en plus qu'un mauvais dirigeant fait perdre à son peuple son temps, sa force et ses ressources et qu'il vaut mieux se battre pour arrêter la tyrannie et effacer le tort puisqu'on ne peut rester des spectateurs passifs en attendant Godot.

Après tout, Le célèbre président américain, Abraham Lincoln ne disait-il pas que « Vous pouvez tromper tout le monde un certain temps. Vous pouvez même tromper quelques personnes tout le temps, mais vous ne pouvez pas tromper tout le monde tout le temps ».

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