Un caudillo cleptomane
Tous ceux qui, par leur charisme ou leur stature risquaient de mettre de l'ombre sur sa personne ont été persécutés, emprisonnés, humiliés ou exilés. Sans être exhaustif nous pouvons citer : l'ancien président de la transition Monsieur Domitien Ndayizeye, son ex vice-président, Monsieur Alphonse-Marie Kadege, l'ancien 2ème vice-président de l'ère Cndd-Fdd, Mme Alice Nzomukunda, le président du parti CNDD, Honorable Léonard Nyangoma, l'ancien président du Cndd-Fdd, Honorable Hussein Radjabu, et d'autres. L'autre préoccupation fut d'amasser une fortune : Nkurunziza ainsi qu'un groupe de quelques personnes autour de lui ont trempé dans toutes les magouilles et autres trafics mafieux, se sont accaparés des terres domaniales publiques, ont bradé des entreprises de l'Etat aux seules fins de l'enrichissement personnel. Le Vice-président de l'Organisation de Lutte contre la corruption et les malversations économiques, Monsieur Ernest Manirumva sera assassiné dans la nuit du 8 au 9 avril 2009 pour en savoir trop sur certaines affaires maffieuses.
Au même moment, la violation des droits de l'homme allait croissante. Les organisations comme la Ligue Iteka, Human Rights Watch, Amnesty International n'ont jamais cessé de tirer sur la sonnette d'alarme dans leurs nombreux rapports.
Mais Nkurunziza opérait derrière un écran de fumée fait de fausses prières, d'apparition aux côtés des burundais ordinaires en train d'effectuer des travaux dits communautaires. Quelques mesures sociales telles que l'enseignement primaire gratuit, les soins sanitaires gratuits aux enfants âgés de moins de 5 ans et aux femmes enceintes, ont été prises puis rapidement dévoyées.
Nkurunziza a toujours interprété la loi selon ses intérêts, ou a initié des lois iniques afin de mieux asseoir sa férule sur le peuple burundais. Il a ainsi expulsé 22 parlementaires frondeurs de l'assemblée nationale en 2007, en toute illégalité. Les députés Basabose Mathias et Léonard Nyangoma ont été dépouillés de leur immunité parlementaire en violation flagrante de la loi, etc.
En lieu et place de reprise économique, le pays s'est enfoncé dans une crise, occupant toujours les dernières places dans le classement mondial des différents indicateurs de développement. Par contre, notre pays était toujours au sommet dans la corruption, la faim, le bas salaire, etc.
Un régime autiste et phobique au dialogue.
Le président du CNDD, Monsieur Léonard Nyangoma, n'a eu de cesse d'alerter l'opinion, réclamant une concertation nationale pour trouver des solutions à une crise qui était devenue globale : politique, économique, sociale et constitutionnelle.
L'acmé de cette crise a été atteinte avec le 3ème mandat aussi illégal qu'illégitime. Cette fois-ci c'est un concert d'appels au dialogue que nous avons connu. L'opposition politique, la société civile, l'Eglise Catholique, la Communauté Est-Africaine (EAC), l'Union Africaine (UA), l'Union Européenne (UE), les Etats-Unis, les Nations Unies, etc. ont appelé au dialogue. Et devant l'horreur et la terreur qui règnent désormais à Bujumbura, l'UA a décidé d'envoyer 5000 hommes pour protéger la population.
Mais Nkurunziza et sa clique ont une véritable phobie pour des discussions, et un faible pour le bras de fer. Depuis sa prise de fonction en 2005, jamais Nkurunziza n'a prononcé un discours d'apaisement. Ses discours et ses interviews sont toujours ponctués de menaces, des invectives, et bien sûr des mensonges.
Les derniers soubresauts d'un pouvoir aux abois.
Nkurunziza a tout de même fini par céder à toute sorte de pression, et a envoyé une délégation à Kampala le 28 décembre dernier pour lancer les négociations avec l'opposition. Mais a juré de ne pas se rendre à Arusha le 06 janvier où les discussions devraient se poursuivre. Et dans une interview accordée le 30 décembre 2015, il a promis de combattre les troupes de l'UA qui se risqueraient sur le sol burundais. "Le respect de l'intégrité du territoire burundais s'impose à tout le monde (...) et au cas où ils (en évoquant les soldats) violent ce principe, ils auront attaqué le pays. Et dans ce cas, tous les Burundais doivent se lever et se battre contre eux", a-t-il martelé.
En lançant les négociations, le président Museveni avait déjà fait comprendre à Nkurunziza, que l'on ne peut pas parler de souveraineté si on n'est pas en mesure d'assurer la sécurité pour sa population. La déclaration de Nkurunziza ressemble plus à des derniers soubresauts d'un régime aux abois si ce n'est une surenchère aux buts d'arracher quelques concessions de la part de l'Union Africaine. Il sait que l'étau se resserre progressivement autour de son système. Il ne manquera pas de chercher à arracher une certaine immunité pour lui et certains de ses fidèles.
