Le Ministre des Affaires étrangères Augustine Mahiga, a annoncé mardi que la Tanzanie était contre le plan de l'UA d'envoyer des troupes au pays en difficultés, mais serait plutôt prête à encourager des pourparlers pour mettre fin à la violence au Burundi qui a jusqu'ici coûté plus de 400 vies humaines.
Réagissant à l'annonce hier, ceux qui ont parlé au journal The Citizen différaient sur si oui ou non le déploiement de la force de l'UA était la bonne chose à faire dans les circonstances actuelles.
L'ancien secrétaire général de l' East African Community (EAC) Juma Mwapachu a salué l'initiative du Président John Magufuli de relancer les pourparlers en disant que c' était la seule solution au problème.
«La solution à la crise au Burundi ne peut venir de nulle part ailleurs que de l'EAC parce qu'ils comprennent mieux l'histoire de ce pays et ont déjà géré les mêmes problèmes auparavant", a-t-il dit.
M. Mwapachu a noté que les négociations seraient couronnées de succès parce que l'EAC avait les meilleurs protocoles de gestion des conflits par rapport à tout autre bloc sur le continent.
Il a dit: "Il est triste que les dirigeants régionaux aient retardé de relancer les négociations, ce qui a incité l'UA de décider de la force de maintien de la paix."
La Tanzanie a entrepris un périple diplomatique mercredi avec le ministre des Affaires étrangères qui a rencontré le président Yoweri Museveni à Kampala pour tenter de relancer les négociations. Dr Mahiga devrait être hier (23 décembre) à Bujumbura pour une rencontre avec le président assiégé Pierre Nkurunziza, les membres de l'opposition et la société civile.
Un politologue chevronné et ancien conférencier de l'Université de Dar es Salaam, Prof Mwesiga Baregu, s'est félicité de la décision de la Tanzanie. Mais il a averti que l'idée ne peut fonctionner que si tous les Etats membres de la Communauté Economique de l'Afrique de l'Est (CAE) prennent la crise du Burundi comme une question d'urgence.
Il croit aussi que la force de paix pourrait aider à accélérer les pourparlers. "Les négociations doivent aller de pair avec l'idée de l'UA car cela peut aider à accélérer le processus au lieu d'aller avec une seule idée," a-t-il déclaré dans une interview accordé au journal The Citizen.
Cependant, un ancien professeur au Centre Mozambique-Tanzanie pour les Relations Internationales, le professeur Abdallah Safari, a fait valoir qu'en allant à l'encontre de la décision de l'UA, la Tanzanie n'était pas cette fois-ci cohérente dans sa gestion des conflits dans les pays voisins.
«Pourquoi optons-nous pour des pourparlers au Burundi tandis que dans d'autres pays comme les Comores, nous avions répondu par l'envoi de notre armée? Le pays ne veut-il pas trahir son soutien au président Nkurunziza? "Interroge Prof Safari.
Avocat de la Haute Cour, le professeur safari a déclaré que le président Nkurunziza a bafoué la constitution de son pays. La seule option pour mettre fin au règne de la terreur dans le pays, est d'après le Prof Safari d'envoyer la force de l'UA a-t-il ajouté.
Le Burundi, est plongé dans la crise actuelle depuis le 25 Avril après que le président Nkurunziza s'est déclaré candidat pour un troisième mandat, et rejette toute idée de présence des forces étrangères sur son sol. Le pays a plutôt demandé à l'organisation régionale de chercher d'autres moyens pour trouver une solution.
Mais le Burundi a averti qu'il y aurait des représailles si des troupes étrangères sont déployées. Pendant ce temps, la Tanzanie espère voir des pourparlers de paix remis sur les rails le 28 décembre, seulement d'ici quatre jours.
Le mépris du Burundi devrait être considéré comme de trop, si l'on veut avoir une paix durable dans le pays, a mis en garde M. Emmanuel Mbunda de l'Université de Dar es-Salaam.
Il a déclaré: "Le déploiement de la force de l'UA ne peut pas être la meilleure stratégie parce que le gouvernement du Burundi semble déterminé à maintenir son contrôle de l'Etat."
Chef de l'opposition, M. Freeman Mbowe, a dit au journal The Citizen que la Tanzanie n'a pas l'autorité morale de servir de médiateur au Burundi.
"Comment pouvons-nous nous impliquer dans les affaires d'autres personnes alors que nous ne parvenons pas à accepter la volonté du peuple de Zanzibar?" s'est-il interrogé.
Traduction libre de la rédaction, lire le texte original en anglais à l'adresse: www.thecitizen.co.tz/News/Analysts-react-to-Tanzania-s-position-on-Burundi-crisis/-/1840340/3008456/-15us402z/-/index.html?