Ainsi, pour affaiblir l'opposition, il fallait concéder quelques postes parlementaires à Rwasa considérés par certains comme le principal opposant et à ses alliés de l'aile de l'UPRONA non officiel. Mais le calcul de Nkurunziza et sa clique fut un flop. D'abord, Monsieur Nditije (dirigeant de l'Uprona non officiel) et les siens n'ont pas mordu à l'hameçon, puis l'opposition s'est plutôt renforcée par la mise en place d'une large coalition dénommée CNARED.
Jusqu'à ce jour, seuls Nkurunziza, sa commission électorale et sa cour constitutionnelle ont reconnu la validité de cette tragédie-comédie électorale.
Les bailleurs de fonds ont un à un fermé les robinets ; l'économie est agonisante et les rentrées fiscales sont au plus bas. Les caisses de l'Etat se vident petit à petit. Seuls les dividendes perçus sur les milliers de soldats en mission de paix en Somalie et en République Centrafricaine constituent les dernières ressources importantes de devises.
Les manœuvres et les appels à peine voilés à la communauté Hutu de soutenir le pouvoir contre des tentatives de retour d'un « pouvoir dit Tutsi d'antan » a rencontré du mépris, railleries et des condamnations. Les burundais Hutu, Tutsi et Twa ont répondu par plus d'union dans la lutte contre un pouvoir d'oligarques, prédateurs et de plus en plus sanguinaires. Peu de personnes ont été dupes pour oublier les centaines de cadavres flottant sur la Ruvubu, la Rusizi, le lac Tanganyika, ou retrouvés dans les bosquets des différents coins du pays dont la majorité étaient des Hutu. Peu de personnes ont oublié que les oligarques se sont outrageusement enrichis en pillant les biens de l'Etat pendant que la majorité des Hutu, des Tutsi et des Twa végètent dans la misère.
Le peuple burundais a compris que les divisions communautaires ont été pendant longtemps une arme de destruction massive contre lui-même, dans les mains des oligarques de tout bord.
Honni par son peuple, isolé sur le plan international, avec une économie menacée de banqueroute, Nkurunziza est sur le point de perdre la tête. La « Pierre angulaire » du système FDD a trop d'aspérités, et l'édifice est menacé d'effondrement. Alors, on joue le tout pour le tout. Les assassinats des personnalités emblématiques aussi bien chez les communautés Hutu que Tutsi semblent constituer la dernière carte. Ceci dans le seul but de susciter des affrontements intercommunautaires. Par peur de voir resurgir une guerre interethnique, la communauté internationale pourrait le considérer comme le moindre mal. Ou à défaut, il pourrait se maintenir au pouvoir en se considérant comme le président représentant la communauté majoritaire Hutu.
Mais tous ces calculs aussi machiavéliques que diaboliques se heurtent à la maturité de la majorité d'un peuple qui a connu et des « régimes dits Tutsi », et des « régimes dits Hutu » qui n'ont fait que les pressurer tous ensemble, Hutu, Tutsi et Twa. Le pouvoir CNDD-FDD-Nkurunziza a le mérite d'avoir convaincu que le pouvoir n'a pas d'ethnies. Il existe des pouvoirs qui ne se préoccupent que des intérêts des dignitaires au pouvoir et des pouvoirs qui se préoccupent du développement du pays au bénéfice de l'ensemble de la population.
Nkurunziza et sa clique devraient comprendre que les assassinats ne font qu'aggraver leur cas. Les militants qui actuellement les soutiennent pour leurs intérêts alimentaires pourraient les lâcher demain quand il n'y aura plus rien à leur offrir. Ce jour est plus proche qu'on ne le croit. Ils devront alors répondre de leur trahison devant l'histoire et les instances judiciaires.
A bon entendeur, salut...