jeudi, 21 mai 2015 16:59 Écrit par  Jean RURINDIKIJE

Le ridicule ne tue pas : un syndicaliste appelle à la reprise du travail pendant les manifestations et l’insécurité généralisée.

C'était dimanche 17 mai 2015, sur radio scolaire NDERAGAKURA, quand un des présidents de l'un des deux syndicats du secteur de l'enseignement au Burundi, créés par le pouvoir de Pierre NKURUNZIZA, lança un appel pour la reprise des cours dès lundi le 18 mai 2015. Il s'agit du SYPESBU (Syndicat du Personnel Enseignant du Burundi) à travers un communiqué lu en Kirundi et en français sur cette radio qui a pour mission, notamment, de contribuer à l'éducation par la formation à distance.

Rappelons que le dernier à avoir annoncé la reprise du travail, fut l'ex ministre de la défense nationale et des anciens combattants, le Général Pontien Gaciyubwenge. A l'issu d'une réunion du Conseil National de la Sécurité, il annonça dans un communiqué, et avec forces menaces qu'endéans 48 heures toutes les barricades des manifestants devaient être enlevées et tous les fonctionnaires avoir regagné leurs services. Vous vous souviendrez que c'était vendredi le 08 mai 2015. Le lundi suivant la trêve donnée par les manifestants, avant la tentative de contre-putsch du mercredi 13 mai 2015, les manifestations reprenaient de plus belle avec une détermination sans égale des manifestants, réclamant au Président Pierre NKURUNZIZA de renoncer au 3ème mandat illégal.

I. De ces fidèles à Pierre KURUNZIZA?

  1. Intimer l'ordre aux fonctionnaires, était contre toute attente, disais-je, car la reprise du travail aurait du être annoncée par le Ministre ayant la fonction publique et le travail dans ses attributions, au lieu que ce soit le Ministre ayant la défense et les anciens combattants dans ses attributions. Ce n'était pas au Ministre de la défense, à prendre les devants pour une telle annonce, d'autant plus qu'il ne s'agissait pas d'arrêter une mutinerie ou une grève dans l'armée, mais d'une revendication légitime et légale, à savoir : le respect de la loi fondamentale et les Accords dont elle est issue : celui d'Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi et des accords de cessez-le-feu;
  2. La réaction de la Centrale syndicale (COSYBU) ne s'est pas fait attendre. Son président a demandé aux fonctionnaires de ne pas tomber dans ce piège, en courant le risque de subir les conséquences néfastes pouvant résulter des manifestations, notamment d'être blessés ou tués, du moment que la police avait maintes fois tiré sur les manifestants, tuant et blessant nombreux d'entre eux;
  3. Dans le cas de figure, c'est le Ministre ayant l'enseignement de base et secondaire dans ses attributions, qui aurait dû annoncer le retour du personnel enseignant au service, tenant évidement compte de la fin des mobiles ayant motivé les manifestations, qui ne sont pas jusqu'à présent résolus. Ce n'est pas à un responsable syndical de monter au créneau, en lieu et place d'autres hauts responsables du ministère dont il relève, fut-il animé d'un un excès de zèle. Car à l'entendre parler, il s'est fait un des porte-parole du Président NKURUNZIZA, reprenant ses propos quand il s'est adressé pour la toute première fois à la nation par le biais d'une cassette à la Radio Télévision Nationale du Burundi, après le simulacre de putsch.
  4. Tenez, il aurait dû se rappeler, que la passation du concours national édition 2014-2015 le 07 mai 2015 s'est faite en catimini, dans un climat de crainte des manifestations, à telle enseigne que les colis ont été transportés dans des cercueils, pour simuler des cortèges de morts. Cela est un signe de mauvaise augure, décrédibilisant la qualité d'un examen standardisé naguère réputé pour son équité de tous les tests d'évaluation depuis sa création. Cette évaluation s'est adressée à une partie des concourants, étant entendu que certains en étaient empêchés physiquement, soit qu'ils étaient dans l'impossibilité d'accéder aux lieux d'examen, soit sur le chemin de l'exil par crainte de la milice du parti au pouvoir Imbonerakure qui les terrorisait et qui continue à semer la terreur.
  5. Non moins choquante est la manière dont il est allé plus loin dans sa besogne, relayant le même message du Président Nkurunziza en demandant un effort de guerre aux enseignants pour financer les élections. Les bailleurs de fonds viennent d'y renoncer du fait de son imperméabilité aux conseils de toute la communauté nationale et internationale, en voulant briguer un mandat de tous les dangers et qui a déjà coûté beaucoup de pertes tant en vies humaines qu'en termes économiques. Oser demander aux enseignants de consentir un effort de guerre, au moment où, pendant des années scolaires successives et entières, ils sont en grande partie en grève, du fait de leurs misérables salaires , relève du pur cynisme.

II. Pourquoi cet excès de zèle? Du fait des intérêts sans nul doute!


Au moment où les recettes fiscales ne sont pas perçues pour payer les maigres salaires des fonctionnaires, y compris ceux des enseignants, le trop zélé président du SYPEBU devrait se rappeler qu'il doit s'atteler à la défense des intérêts socioprofessionnels de ses collègues syndiqués, car c'est la mission première de tout syndicat, au lieu de se faire un prophète de malheur, jusqu'à défendre l'indéfendable.

Ce n'est donc pas à lui d'appeler ses collègues de regagner les salles de classes, en ces moments de contestations irréversibles pour la défense des intérêts supérieurs de la nation, la Constitution et les différents accords, l'Accord d'Arusha en tête, car c'est une question qui le dépasse. Si c'est par ignorance des limites de revendications syndicales, il pourrait être excusé. Mais si c'était une façon de s'attirer la sympathie d'un pouvoir à bout de souffle, il risquerait de le regretter toute sa vie, à moins de s'amender.

La question de faire venir des fonctionnaires enseignants ainsi que des écoliers et élèves dans des salles de classes pour reprendre le travail pour des raisons inavouées relève d'un simple excès de zèle, je le répète. C'est à la limite aux ministres concernés : celui du la fonction publique, du travail et de la sécurité sociale et celui de l'enseignement de base et secondaire, de l'enseignement des métiers et de la formation professionnelle de le faire, mais dans des conditions de paix et de sécurité assurées.

La motivation du communiqué du président du syndicat SYPEBU, relève des intérêts mesquins, individuels et non des intérêts socioprofessionnels. Autrement, les enseignants auraient répondu à son appel ce lundi 18 mai 2015, chose qui n'a pas été faite, car impossible. Croyait-il que son appel pouvait être entendu?

Que le Président du SYPEBU fasse le tour des services publics pour apprécier ceux qui ont répondu à son appel et il tirera les conclusions qui s'imposent.

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