Cette ONG, Journaliste en danger (JED), exprime dans un communiqué "sa vive préoccupation sur la sécurité physique" de deux journalistes de Radio Ondes FM. Cette radio émet à Kiliba, à la frontière congolo-burundaise, à 110 km de Bukavu, chef-lieu de la province congolaise du Sud-Kivu.
David Munyaga et Bienvenu Malega "reçoivent depuis samedi 31 mai 2014 à leurs domiciles des visites suspectes d'un groupe de militaires qui seraient des Burundais sur le territoire congolais", affirme l'ONG. Selon elle, ces hommes ont cherché à savoir où se trouvaient les journalistes.
"Il serait reproché à ces journalistes d'avoir livré aux médias burundais des informations relatives à la formation militaire, depuis novembre 2013, d'un groupe de jeunes Burundais par le parti au pouvoir au Burundi à Kiliba, plus précisément dans la plaine de Ruzizi", précise le communiqué.
"Nous avons peur de diffuser dans les médias locaux (congolais) cette information", a déclaré M. Munyaga à JED. "A chaque fois que nous sommes en possession d'informations sur la formation des jeunes Burundais à Kiliba, nous contactons nos confrères burundais pour une large diffusion", a-t-il expliqué.
Le commandant local de la police nationale congolaise "m'a promis de contacter le major de l'armée burundaise pour que ses troupes arrêtent de nous menacer", a ajouté M. Munyaga.
JED demande"instamment" aux autorités "politiques et militaires" du Sud-Kivu de prendre des "mesures urgentes" pour protéger les journalistes.
L'histoire du Burundi est jalonnée de massacres ethniques et le pays a connu une meurtrière guerre civile entre 1993 et 2006.
Le récent retrait de l'Uprona(principal parti tutsi) du gouvernement a plongé le pays dans une crise politique et fait craindre une résurgence des tensions ethniques à l'approche du scrutin présidentiel de 2015. Le président Nkurunziza a l'intention de briguer un troisième mandat bien que la Constitution l'interdise.
Le Parlement a rejeté récemment un projet de réforme constitutionnelle qui menaçait de rompre le fragile partage du pouvoir entre Hutu et Tutsi, consacré par les accords de paix ayant mis fin à la guerre civile.
Les observateurs s'inquiètent en outre d'informations faisant état de distributions d'armes aux jeunes du parti au pouvoir, ce que dément Bujumbura.