Une mère a entendu un de ses enfants crier et elle s'est réveillée pour s'enquérir de la situation de son enfant. Nous avons voulu savoir pourquoi elles dormaient là et elle nous a répondu : « Nous dormons toujours devant HAVANA. C'est là où nous sommes venues », HAVANA étant un bistro situé au centre ville de Bujumbura.
Quant aux mobiles de leur déplacement, la femme a dit qu'elles sont venues dormir là parce qu'elles avaient entendu qu'il y aurait une distribution du riz aux pauvres.
Un des enfants qui jouaient a révélé la province d'origine de sa mère : « Ma mère est originaire de la province de Mwaro, mais je ne connais pas l'origine de ceux qui sont avec nous», a dit l'enfant de la rue.
Pour rappel, la politique de distribution du riz, de l'argent et d'autres biens a commencé un peu avant la campagne électorale de 2010 et s'est accélérée durant la période électorale par le pouvoir du CNDD-FDD. Cette politique servait à acheter la conscience des électeurs et visait des groupes cibles.
Comme cette distribution n'a pas continué après les élections, beaucoup de personnes très pauvres viennent souvent dormir devant le Ministère de la Solidarité Nationale, des Droits de la Personne Humaine et du Genre pour que le ministre les voit et leur donne un peu de riz. Quelques kilos de riz, 5 au maximum, sont distribués aux pauvres venus au Ministère. Dès que les élections de 2015 ont pointé à l'horizon, les activités de distribution du riz par les membres du parti CNDD-FDD ont commencé dans tout le pays.
En 2010, un kilo de riz tanzanien coûtait 1000Fbu aux marchés de Bujumbura. Actuellement, le même le riz coûte 1600Fbu, soit une augmentation de 60 % en moins de 4 ans. Il en est de même pour tous les produits vendus au marché.
Si le pouvoir du CNDD-FDD aime la population burundaise, et particulièrement les membres de son parti, pourquoi ne prend-il pas des mesures qui permettraient la réduction des prix des denrées de première nécessité ? La réponse est simple : l'objectif n'est pas de soulager les souffrances des populations, mais plutôt d'attendre l'approche des élections et élaborer des stratégies pour maintenir le peuple dans la misère, dans la mendicité et dans la résignation, au point de ne jamais penser à se révolter.
Le Burundi est parmi les dix pays les plus pauvres de la planète, 80% de la population vivent avec moins de 1 dollar US par jour, et occupe le 3ème rang des pays où sévit le plus de faim malgré la fertilité de son sol ave une pluviosité de huit mois de pluies par an. Parallèlement, l'oligarchie au pouvoir s'enrichit grâce à une gestion maffieuse et clientéliste du pays au point de le faire figurer parmi les pays les plus corrompus du monde.
