Qui sont ces manifestants?
Une grande majorité des manifestants était composée des militants et sympathisants des partis de l'opposition membres de l'ADC-IKIBIRI à l'étranger: le CNDD, le FRODEBU, le MSD et l'UPD. Quelques étrangers participaient à la manifestation. Ils sont venus pour la plupart de toutes les régions de Belgique, des pays voisins notamment la France, la Hollande et l'Allemagne. Il y en avait de tous les âges, des jeunes, des femmes et des hommes très déterminés à en découdre avec le régime Nkurunziza. Le comité d'organisation dirigé par Serges Ntakiyiruta de l'UPD avait désigné Léonard Nyangoma, président du parti CNDD, comme maître des cérémonies. Un intrus a tenté de s'infiltrer pour saboter la manifestation, il a été vite remarqué par les militants qui ont immédiatement averti la police qui n'a pas tardé à le chasser des lieux. On a su par après que c'étai l'ambassadeur du Burundi en Belgique qui rôdait aux environs pour faire rapport à son chef. Notons que, la veille de la manifestation , le même ambassadeur avait tout fait, mais en vain, pour empêcher le déroulement de cet événement, téléphonant l'un ou l'autre militant de l'opposition pour leur demander d'ajourner la manifestation, car affirmait-il "c'est une affaire des Tutsi". Le régime en place est aux abois. Conscient aujourd'hui d'être en fin de règne, il commence à déployer ces dernières cartouches en tirant sur la corde sensible de la haine ethnique sans y parvenir. Il n'y parviendra jamais. C'est trop tard car le peuple burundais n'est pas dupe et n'est pas en train de faire marche arrière. Il est en train d'accélérer le processus de réconciliation. Le peuple est conscient désormais que c'est une bourgeoisie compradore, corrompue et parasitaire qui cherche à le distraire pour éviter le vrai débat sur des questions fondamentales en rapport avec les conditions de vie ayant atteint le seuil de l'intolérable. C'est cette bourgeoisie compradore qui présente une menace réelle pour le pays, mais ses jours sont comptés.
Quelles revendications alors?
Interrogé par la presse burundaise, Léonard Nyangoma n'a pas mâché ses mots pour clarifier les raisons de cette manifestation. Il a déclaré en substance à la presse que "depuis le holdup électoral en 2010, le Burundi a replongé dans une crise politique grave. Le peuple burundais est pris en otage par une oligarchie militaro civile dont les principales préoccupations peuvent se résumer en quelques mots: pillage, corruption devenue cancérigène, tripatouillage de la constitution, vote des lois liberticides, assassinats ciblés, fermeture de l'espace politique. Nous sommes venus nombreux pour manifester notre colère contre un gouvernement fasciste devant le monde entier" a poursuivi Nyangoma. Le message de Nyangoma a été prolongé par les slogans scandés par les militants à travers des chansons. On pouvait lire ou entendre "NKURUNZIZA, DEGAGE". Un grand nombre de ces messages interpelle le régime sur ses manquements graves et les enjeux du moment. En voici quelques uns:
- NE TOUCHE PAS A MA CONSTITUTION
- TOUT SAUF NKURUNZIZA
- BOURSE POUR TOUS A L'UB, NON A LA DISCRIMINATION
- Non aux élections de 2015 pour le seul Parti Unique CNDD-FDD !
- Non aux arrestations arbitraires,
- Non au virus du divisionnisme
- Non au tribalisme et au régionalisme
- Non aux assassinats ciblés
- Non aux jugements expéditifs
- Non aux lois liberticides
- Non aux mesures antipopulaires
- Non à la fermeture de l'Université
- Non à la suppression de la bourse
- Pas d'élections sans multipartisme !
- Non à la destruction des partis politiques d'opposition !
- Pas d'élections quand l'opposition est en prison !
- Non au pouvoir illégal de la milice IMBONERAKURA !
- Non à la confrontation ethnique !
- Non à la persécution de l'opposition !
- Non au pouvoir de Nkurunziza qui tire sur l'opposition en réunion !
- Non à la dictature du canon, oui au dialogue politique
- Non à un Burundi sans libertés politiques !
- Non à la corruption comme mode de gouvernement au Burundi !
- Libérer tous les prisonniers politiques
- Non à la violence aux femmes"
Mais des messages d'ouverture étaient scandés dans les slogans. ,C'est entre autres:
"Nous sommes venus pour dire:
- oui à l'ouverture
- Oui au dialogue
- oui aux négociations
- Oui à la réconciliation
- Oui à un climat d'apaisement
- Oui à la libération des prisonniers politiques
- oui à un gouvernement de missions
- oui au démantèlements des milices Imbonerakure
"Nous sommes venus aussi pour manifester notre solidarité avec nos frères et sœurs de l'intérieur, nous voulons montrer qu'ils ne sont pas seuls sur le front de la lutte que nous menons pour la démocratie menacée d'extinction par le régime en place. Notre action qui va se poursuivre en s'amplifiant vise aussi à rappeler à tous les militants et sympathisants de la coalition ADC-IKIBIRI de serrer les rangs, car la liberté ne se donne pas sur un plat de gâteau, elle s'arrache. Conscient qu'aucune dictature n'est venu à bout d'un peuple déterminé, nous sommes sûr de gagner ce combat pour la justice et démocratie" a ainsi conclu Léonard Nyangoma.
Unis nous vaincrons, unis nous ne lâcherons rien"
A la clôture de cet événement mémorable, une délégation des manifestants conduite par Léonard Nyangoma, a présenté et remis à la responsable à l'UE ayant en charge le Burundi un message à l'intention des autorités de l'UE.
En résumé, ce message est une alerte adressée à l'UE sur la situation politique explosive au Burundi à la veille des élections de 2015. Cette tension est nourrie et entretenue par le parti au pouvoir et ses miliciens, par le gouvernement et certains officiers généraux qui font la pluie et le beau temps, et par le Président NKURUNZIZA lui-même dans sa volonté de briguer un troisième mandat en violation de l'Accord d'Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi, et de la Constitution du Burundi. Pourtant l'esprit et la lettre de ce pacte inter burundais scellé à Arusha, est clair : « Le Président de la République est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels ».
Le message interpelle "la communauté internationale, les Nations Unies en général et l'Union Européenne en particulier. Ces institutions doivent peser de tout leur poids sur le Président NKURUNZIZA, sur son gouvernement, son parti, sur les généraux devenus intouchables en leur imposant des sanctions ciblées et efficaces, afin qu'ils ouvrent l'espace politique, respectent les droits de l'opposition et cessent de plonger le pays dans le gouffre. Le Président NKURUNZIZA doit tirer sa révérence le 26 août 2015, date de la fin de son deuxième et dernier mandat.".
Lire le message ci dessous.