vendredi, 29 mai 2015 20:25 Écrit par  Bucumi Louis Gagarine

Pierre Nkurunziza veut aller plus loin que Mobutu

Silence on tue

Tueries sélectives

Ce samedi passé, des tireurs embusqués ont tué Zedi Feruzi, président du parti UPD-Zigamibanga et opposant au troisième mandat de Pierre Nkurunziza . Au cours de l'opération de cet acte ignoble, les assaillants ont assassiné également son garde de corps. Comme le ridicule ne tue pas, le pouvoir CNDD-FDD a répondu par le même refrain : « tout sera mis en place pour mener une enquête, afin de démasquer les auteurs de cet acte ignoble et de les traduire en justice ». Au début de cette semaine, les tueries sélectives des opposants continuaient dans la capitale Bujumbura, à Bururi, dans Bujumbura rural, à Muramvya etc...

Rien ne semble arrêter la machine à tuer, conçue et planifiée par le Parti au pouvoir le CNDD-FDD depuis l'année 2005 et mise en action par les services de sécurité du pouvoir et par les miliciens du parti, les fameux Imbonerakure. Ces actes ignobles, visant à anéantir progressivement les opposants à Nkurunziza et à son système sont des crimes contre l'humanité. Quoique opérés malignement à compte-goutte, ils visent à massacrer un groupe bien déterminé, celui des opposants politiques.

Le langage des tyrans et l'impunité comme mode de gouvernement

La semaine passée, alors que des manifestations contre le troisième mandat se déroulaient dans plusieurs villes du pays, et que les miliciens Imbonerakure font régner la terreur en peu partout, Pierre Nkurunziza déclarait que la paix règne dans plus de 99,99 % du territoire. Il en a profité pour appeler les centaines de milliers de réfugiés qui ont fui les exactions de son pouvoir, à rentrer dans le pays. Rappelons que dans les années 90, sept ans avant la fin de son règne de 32 ans sans partage le maréchal Mobutu Sessé Seko déclarait que son peuple l'avait élu à 100% et que même le peuple voulait l'élire à 200%. Nkurunziza est allé plus loin que Mobutu, il déclarait avoir obtenu 700 % des congressistes de son parti qui l'ont désigné comme candidat au troisième mandat aux prochaines présidentielles.

Depuis l'année 2005, des milliers d'opposant ont été tués, certains ligotés et jetés dans les rivières et les lacs du pays, d'autres enterrés à la hâte pour fausser les enquêtes. Toutes les enquêtes menées par des organisations crédibles des droits de l'homme démontrent que presque tous les crimes humains et économiques commis depuis 2005 sont commandités par le régime en place. Depuis 2005, les citoyens sont écrasés comme des mouches, et le langage du pouvoir reste invariable le « Tuzobitohoza » (on fera les enquêtes) et pour ceux qui ont plus de chance, les enterrements suivent et après, c'est tout.

Le retour dans les années sombres, les années 1960

Depuis les années 1986, le peuple burundais a mené un combat historique sans relâche pour le retour du multipartisme et de la démocratie. Même si l'acte n'a pas accompagné les bonnes paroles du Président français François Mitterrand, nous pouvons admettre que son discours au sommet de la Baule des chefs d'État africains a renforcé la détermination des peuples africains pour recouvrer la démocratie menacée par des dictateurs longtemps soutenus par les grandes puissances coloniales. Pour l'ancien président français, « Le vent de liberté qui a soufflé à l'Est devra inévitablement souffler un jour en direction du Sud (...) Il n'y a pas de développement sans démocratie et il n'y a pas de démocratie sans développement.... ». Ainsi, les élections de 1993 au Burundi ont porté Ndadaye Melchior au pouvoir et redonné l'espoir au peuple, pour savourer les fruits de la démocratie. Son assassinat a plongé le pays dans une longue guerre civile de résistance populaire. Les accords d'Arusha ont permis la fin de la guerre et le retour de la démocratie pluraliste. Malheureusement, dès sa prise de pouvoir après les élections de 2005, le parti CNDD-FDD s'est comporté en parti violent, mafieux et gangrené par la corruption. Il s'est érigé progressivement en parti fasciste, par la mise en place d'une milice dénommée Imbonerakure. Cette milice est formée, entraînée et équipée en armes et logistique par les services de la police nationale ainsi que par la police présidentielle (les services de renseignement). Cette milice quadrille tout le pays, elle est chargée de tuer et d'intimider des militants de l'opposition et tout citoyen(ne) qui refuse d'adhérer au parti au pouvoir. Comme en 2010, les miliciens Imbonerakure forcent les citoyens à voter pour Pierre Nkurunziza et son parti, le CNDD-FDD. Une tâche facile, car en plus de ces miliciens Imbonerakure, la CENI et la cour constitutionnelle sont des organes inféodés au pouvoir, rodés, spécialisés en matière de fraudes électorales en amont et en aval. Le récent contre-coup d'Etat nous rappelle les années 1965, ou un coup d'Etat avait été suivi par un autre qui instaura le monopartisme dans le sang des citoyens. Ce mois de mai a vu le Président Nkurunziza opérer ouvertement un coup d'Etat constitutionnel, violant la loi fondamentale et les accords d'Arusha. Son prochain objectif sera, avec une majorité constitutionnelle certaine au prochain pseudo-parlement, de procéder à un tripatouillage de la constitution pour s'installer à vie au pouvoir, instaurant en définitive un monopartisme de fait. Les quelques valets, partis ou individus recrutés pour la cause ne changeront rien aux décisions de Pierre Nkurunziza, et du CNDD-FDD. Les observateurs avertis et qui connaissent le Burundi reconnaissent que la gestion du pays par le régime du Président born-again aura fait reculer le pays d'un demi-siècle sur tous les plans : politique, économique et social. Le Burundi n'est pas loin de 1955.

Etre indifférent donne la force au dictateur

C'est ce que toute personne éprise de paix et de droits de l'homme devrait penser.
Penser à ces personnes égorgées, fusillées ou tuées d'une autre manière, où parfois les familles n'ont même pas droit d'enterrer les leurs ; à ces femmes et ces bambins jetés sur la route de l'exil, avec la malnutrition et les maladies telles la malaria et le choléra. Et c'est pour cela que les recommandations suivantes me semblent réalistes et humanistes.

Recommandations

Aux citoyens Burundais

De rester unis et ne pas se disperser devant une dictature sanguinaire qui a perdu la raison, car en effet, l'union fait la force, pour chasser du pouvoir Pierre Nkurunziza et son parti, le CNDD-FDD. En effet, comme le disent les adages en Kirundi, « ntawufasha uwutifashije »(aides-toi et le ciel d'aidera) et aussi, « akimuhana kaza imvura ihise (il faut compter d'abord sur ses propres forces, l'aide extérieure arrive après la pluie).

De rejeter en bloc les comportements des individus opportunistes qui n'attendent que la récupération de la révolution en cours. Il est ridicule par exemple de voir certains dignitaires accompagner, en se portant candidats, un processus électoral biaisé, qui se déroule dans le sang et en même temps que des centaines des milliers de citoyens prennent le chemin de l'exil.

Urgences

Dans l'urgence, je réitère les propositions et recommandations de la déclaration de Léonard Nyangoma président du parti CNDD le 29 avril 2015.

Il recommandait aux partenaires du Burundi, principalement les Nations Unies, l'Union Africaine, d'aller au-delà des condamnations verbales et de prendre des mesures concrètes afin de contraindre Nkurunziza à arrêter d'opprimer et de massacrer son peuple. Ces mesures seraient entre autres :

  • La pression sur le gouvernement Nkurunziza en vue des pourparlers entre le pouvoir et l'opposition pour mettre en place un gouvernement de transition, qui aurait des missions claires et convenues, et aboutirait à l'organisation d'élections libres, impartiales et transparentes.
  • L'embargo sur les armes
  • La suspension de la coopération militaire et en matière de sécurité avec le Burundi ;
  • Le gel des comptes bancaires des dignitaires du parti au pouvoir et de ses alliés ;
  •  La mise sur pied d'une commission judiciaire internationale afin d'enquêter sur les crimes humains et économiques commis par ce régime afin de mener une instruction et de traduire les auteurs devant des juridictions internationales.

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